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iv
DE LA TRADITION.

formaient le dépôt qu’il confiait à Timothée, et qu’il lui ordonnait de transmettre à ceux qui seraient capables d’enseigner. S’il n’avait voulu parler que de vérités écrites, il aurait dit : Faites un recueil de mes lettres, gardez-les, et donnez-en des copies à des hommes capables d’enseigner. Jamais saint Paul n’a nommé l’Écriture sainte une formule de vérités. Les Protestants répondent que les apôtres écrivaient les mêmes choses qu’ils prêchaient. Assurément ils n’ont pas écrit des choses contraires à ce qu’ils enseignaient de vive voix ; mais la question est de prouver qu’ils ont mis par écrit toutes les vérités qu’ils ont prêchées, sans exception. Or, saint Paul témoigne que cela n’est point ; il serait impossible que cet apôtre eût renfermé en quatorze lettres tout ce qu’il a enseigné pendant trente-trois ans.

Seconde preuve. — Pendant deux mille quatre cents ans, Dieu a conservé la religion des patriarches par la tradition seule, et pendant quinze cents ans celle des Juifs, autant par la tradition que par l’Écriture, pourquoi aurait-il changé de conduite à l’égard de la religion chrétienne ? Moïse, près de mourir, dit aux Juifs (Deut., ch. XXXII, v. 7) : « Souvenez-vous des anciens temps, considérez toutes les générations. Interrogez votre père, et il vous enseignera ; vos aïeuls, et ils vous instruiront. » Il ne dit pas : Lisez mes livres, consultez l’histoire des premiers âges du monde que j’ai écrite et que je vous laisse. Ils le devaient, sans doute ; mais sans le secours de la tradition de leurs pères, ils n’auraient pas pu entendre parfaitement ces livres. Moïse ne s’était pas contenté d’écrire les prodiges que Dieu avait opérés en faveur de son peuple, il en avait établi des monuments, des rites commémoratifs, pour en rappeler le souvenir, et il avait ordonné