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ces mêmes dieux pour rois et pour amis. Aussi l’histoire nous fait-elle voir chez tous les peuples, dans chaque province comme dans chaque empire, un culte national, des dieux indigènes : Éleusis adore Cérès ; la Phrygie, Cybèle ; Épidaure, Esculape ; la Chaldée, Bélus ; la Syrie, Astarté ; la Tauride, Diane ; les Gaules, Mercure ; Rome, tous les dieux. Grâce à la piété des Romains, leur empire et leur puissance embrassent tout l’univers, et s’étendent par delà les limites de l’océan et des contrées où le soleil finit son cours ; récompense des vertus religieuses pratiquées jusque dans le tumulte des camps. Le rempart le plus sûr des villes était le respect pour les dieux, la chasteté des vierges, les nombreuses distinctions accordées aux prêtres. On a vu le Romain assiégé, sans autre asile que le Capitole, continuant d’adorer ces dieux qui semblaient déclarés contre lui et que d’autres auraient blasphémés, passer, sans autre arme que le bouclier de la religion, à travers les Gaulois étonnés de sa superstitieuse audace ; et dans l’ivresse de la victoire, après avoir forcé les remparts ennemis, tomber aux pieds des divinités vaincues, chercher partout des dieux hospitaliers pour en faire les siens, ériger des autels aux dieux mânes et même aux dieux inconnus. C’est en adoptant les cultes de toutes les nations que Rome a mérité d’être la reine du monde.

De là cet esprit religieux qui s’est maintenu constamment, et qui, loin de s’altérer, s’est accru avec la succession des âges. Car le respect qui s’attache aux institutions religieuses est toujours en proportion de leur antiquité.

VII. Toutefois, je ne craindrai pas de l’avouer, si je me trompe, je préfère mon erreur à la vôtre. Ce n’est pas sans raison que nos ancêtres s’occupèrent avec tant de soin à consulter les augures, à lire dans les entrailles des victimes, à consacrer des temples et instituer des sacrifices. Interrogez nos annales, et vous verrez qu’ils se sont fait initier aux mystères de toutes les religions, soit pour rendre grâce aux dieux de leurs bienfaits, soit pour détourner leur courroux prêt à sévir, soit pour le désarmer, quand il faisait sentir ses rigueurs. J’en at-