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avec certains auteurs, dans le Cécilius dont nous parlons, ce prêtre de Carthage qui, éclairé par Octavius, convertit à son tour Saint Cyprien.

Il serait remarquable alors de voir trois amis, hommes de lettres, célèbres dans le barreau, amenés l’un par l’autre à la religion chrétienne, déposant à ses pieds tous leurs préjugés et embrassant sa cause comme la plus belle à défendre.

On croit assez communément que l’ouvrage qui nous occupe fut composé dans les premières années du troisième siècle, à l’époque Septime Sévère lança contre les Chrétiens le fameux édit qui amena la cinquième persécution et fit couler le sang de tant d’illustres martyrs. Cet empereur, comme on le sait, s’était d’abord montré favorable aux Chrétiens ; mais effrayé de leurs progrès et tremblant pour les dieux de l’empire, il était devenu l’ennemi le plus acharné de la religion nouvelle qui s’élevait sur les ruines de toutes les autres.

Les esprits attentifs suivaient ce mouvement ; ils s’étonnaient de voir cette religion se multiplier par les moyens mêmes employés pour la détruire ; frappés de ce prodige autant que des autres preuves qui parlaient si haut en sa faveur, ils portèrent les derniers coups à l’idolâtrie par de nombreux écrits.

Le livre de Minucius résume parfaitement l’époque. Rien n’est plus piquant que de voir placés en regard les uns des autres tous les préjugés de la philosophie et du paganisme contre la religion chrétienne et les arguments victorieux qu’elle leur opposait. Cécilius, défenseur zélé du culte de ses pères, ne voit dans le culte qui s’introduit qu’une nouveauté des plus dangereuses. Il n’oublie rien de ce qui peut relever le premier et abattre le second. On sent que mal instruit c’est tout ce que l’esprit humain pouvait dire de plus spécieux. La réplique d’Octavius est pleine de dignité : il se contente de répondre directement aux objections. Il n’en perd pas une, et tout ce qu’il dit suffit pour obliger l’adversaire d’admirer, et lui faire comprendre que, s’il est de bonne foi, un pas de plus va le mettre en possession de la vérité.

C’est assurément une des plus ingénieuses comme des plus éloquentes apologies que l’antiquité ecclésiastique nous ait lais-