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DE LA TRADITION.

cela ne fait rien à la question ; nous sommes sûrs qu’ils ne se sont pas trompés, dès qu’ils n’ont pas été blâmés et censurés.

Quel docteur mérita jamais mieux d’être ménagé qu’Origène ? non-seulement on ne lui a passé aucune erreur, mais on ne lui a pas pardonné ses doutes. Si donc quelques-uns n’avaient parlé qu’en termes obscurs, on les aurait forcés de s’expliquer. Basnage en impose, lorsqu’il dit que saint Augustin donnait la même réponse que lui aux sémi-Pélagiens qui alléguaient en leur faveur le sentiment des anciens Pères. Rien n’est plus faux. Ce saint docteur a toujours fait profession de suivre la doctrine des Pères qui l’avaient précédé, et il le prouve en citant leurs ouvrages. Lorsque saint Prosper lui objecta leur autorité touchant la prédestination, il répondit d’abord que ces saints personnages n’avaient pas eu besoin de traiter cette question, au lieu qu’il avait été forcé d’y entrer pour réfuter les Pélagiens (liv. de prœdest. sanct. ch. XXIV n° 27.) Mais après y avoir mieux pensé, il fit voir que les anciens Pères ont suffisamment soutenu la prédestination gratuite, en enseignant que toute grâce de Dieu est gratuite (liv. de dono persev. chap. XIX et XX, n° 48-51) Par là même nous voyons de quelle prédestination il s’agissait. Donc saint Augustin était bien éloigné de vouloir s’écarter de leur sentiment, et quand il serait vrai qu’il s’est exprimé autrement qu’eux, nous en serions en droit de soutenir qu’il a pensé comme eux. « Ils ont gardé, dit-il, ce qu’ils avaient trouvé a établi dans l’Église ; ils n’ont enseigné que ce qu’ils avaient appris, et ils ont été attentifs à enseigner à leurs enfants ce qu’ils avaient reçu de leurs pères. » (Contra ful., liv. II, n° 34.)