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DE LA TRADITION.

l’universalité de la croyance. En second lieu, que ceux qui n’ont pas écrit pensaient comme ceux qui ont écrit, puisqu’ils n’ont pas réclamé. Toutes les fois qu’un évêque ou un docteur s’est écarté du sentiment général de ses collègues, il a été accusé et condamné, ou pendant sa vie, ou après sa mort. L’histoire ecclésiastique en fournit cent exemples.

3° Il objecte que parmi ceux qui ont écrit il n’y en a souvent que deux ou trois qui aient traité une question, et encore n’ont-ils parlé qu’en termes obscurs ; que s’ils faisaient autorité, les hérétiques en auraient pu citer de leur côté ; qu’enfin ce petit nombre a pu se tromper. Nous répliquons que quand trois ou quatre docteurs de réputation, placés quelquefois à cent lieues l’un de l’autre, se sont exprimés de même sur un dogme, sans exciter nulle part aucune réclamation, nous sommes certains que tous les autres ont été de même sentiment. Tout évêque, tout pasteur, s’est toujours cru essentiellement obligé à veiller sur le dépôt de la foi, à élever la voix contre quiconque y donnait atteinte, à écarter de son troupeau tout danger d’erreur ; les apôtres le leur avaient formellement commandé, et leur en avaient donné l’exemple. Aujourd’hui les Protestants leur font un crime de ce zèle toujours attentif et prévoyant ; ils disent que les Pères étaient des hommes inquiets, soupçonneux, jaloux, querelleurs, toujours prêts à taxer d’hérésie quiconque ne pensait pas comme eux. Tant mieux, pouvons-nous leur répondre, c’est ce qui rend la tradition plus certaine, aucune erreur n’a pu naître impunément. De là même il s’en suit que les hérétiques n’ont jamais pu citer des docteurs qui aient pensé comme eux, sans avoir fait du bruit et sans avoir été notés. Que chacun des docteurs catholiques ait été capable de se tromper,