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DE LA TRADITION.

cerner les cas dans lesquels cet argument est ou solide ou sans force. Comme ces prétendues règles ne servent qu’à embrouiller la question, nous nous bornons à soutenir que cet argument était solide contre les hérétiques qui en appelaient toujours à l’Écriture, comme font encore les Protestants, et qui ne pouvaient citer aucune tradition certaine en leur faveur, mais qu’il ne prouve rien contre les Pères ni contre les Catholiques, parce que chez eux la tradition de l’Église a toujours suppléé au silence de l’Écriture ou à son obscurité.

Il entreprend de réfuter la règle que donne Vincent de Lérins, savoir, que ce qui a toujours été cru partout doit être regardé comme véritable ; qu’il faut consulter l’antiquité, l’universalité et le consentement de tous les docteurs : quod ubique, quod semper, quod ab omnibus creditum est….. Sequamur universalitatem, antiquitatem, consensionem (commonit. chap. II.)

Basnage y oppose :

1°. Que si l’on doit mettre au nombre des docteurs les apôtres et leurs disciples, il faut donc en revenir à consulter leurs écrits. Qui en doute ? Mais la question est de savoir si lorsqu’ils gardent le silence, ou ne s’expliquent pas assez clairement, on ne doit pas suivre le sentiment de ceux qui leur ont succédé, et qui font profession de n’enseigner que ce qu’ils ont appris de ces premiers fondateurs du Christianisme. Nous soutenons avec Vincent de Lérins qu’on le doit, et nous l’avons prouvé.

2° Il dit que l’on ne peut jamais connaître le sentiment de l’universalité des docteurs, puisque ceux qui ont écrit ne sont pas la meilleure partie de ceux qui auraient pu écrire et dont on ignore les opinions. Nous répondons en premier lieu que quand un concile général a parlé, on ne peut plus douter de