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DE LA TRADITION.

4° Ce critique n’est pas pardonnable d’attaquer, par de simples probabilités, ce que nous lisons dans les anciens, touchant l’innocence et la pureté des mœurs des premiers Chrétiens ; plusieurs auteurs païens en sont convenus, et Le Clerc avoue que c’est une des causes qui ont contribué à étendre les progrès du Christianisme pendant le second siècle. Mosheim dit qu’en y ajoutant foi, nous nous exposons à la dérision des Incrédules. Que nous importe le mépris des insensés ? C’est lui-même qui livre notre religion aux sarcasmes de ses ennemis, en voulant prouver que dès l’origine elle a été un chaos d’erreurs empruntées des Juifs et des païens.

Il a montré peu de sincérité en parlant de la règle de foi de l’Église romaine. « Ses docteurs, dit-il, prétendent unanimement que c’est la parole de Dieu écrite et non écrite, ou en d’autres termes, que c’est l’Écriture et la tradition ; mais ils ne sont point d’accord pour savoir qui a droit d’interpréter ces deux oracles. Les uns prétendent que c’est le pape, les autres que c’est le concile général ; qu’en attendant, les évêques et les docteurs ont droit de consulter les sources sacrées de l’Écriture et de la tradition, et d’en tirer des règles de foi et de mœurs pour eux et pour leur troupeau. Comme il n’y aura peut-être jamais de juge pour concilier ces deux sentiments, nous ne pouvons espérer de connaître jamais au vrai la doctrine de l’Église romaine, ni de voir acquérir une forme stable et permanente à cette religion » (Hist. Eccl., XVIe siècle, sect. III, Ire partie, ch. I, § 22 ; Thèse sur la validité des ordin. anglicanes ch. III et suiv.) On voit ici dans tout son jour le génie artificieux de l’hérésie.

5° Aucun catholique n’a jamais nié que la décision d’un