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que ? Est-il bien vrai que la multitude des vertus, une quant au genre, ne produise qu’un effet, c’est-à-dire le bonheur ?

Il est avéré du moins que les causes procatarctiques ou occasionnelles, produisent, quoique multiples, un seul effet, considérées dans leur genre ou dans leur espèce. Dans leur genre : prenez pour exemple toute espèce de maladie, le froid, la consomption, la courbature, l’ivresse, les langueurs de l’estomac. Dans leur espèce, la fièvre. Que quelqu’un exhale une bonne odeur, ce qui est un en soi du côté du genre, bien des causes peuvent y contribuer du côté de l’espèce, telles que l’encens, la rose, le safran, le styrax, la myrrhe et les parfums divers. Mais il y a différence d’odeur à odeur. La rose n’exhalera pas autant de parfum que la myrrhe. Quelquefois la même cause produit des effets opposés, ce qui arrive tantôt par la grandeur et par l’énergie elle-même de la cause, tantôt par les aptitudes ou les dispositions de l’objet affecté. Par une certaine énergie, disons-nous ! ainsi la même corde, selon son degré de tension ou de relâchement, envoie un son grave et aigu. En second lieu, par l’aptitude de l’objet affecté, le miel, par exemple, produit une douce saveur pour l’estomac qui est sain, il paraît amer au malade que travaille la fièvre. Le même vin provoque celui-ci à la colère, il délie la langue et la gaieté de celui-là ; le même rayon de soleil liquéfie la cire et sèche la boue.

Dans le nombre des causes, les unes sont manifestes aux yeux, les autres saisissables par le raisonnement ; celles-ci, obscures ; celles-là, perceptibles par voie de conclusion. Parmi les causes obscures, les unes sont voilées pour un temps : secrètes et mystérieuses, elles apparaissent après un certain intervalle ; les autres sont obscures par leur nature, et restent ensevelies sous des ombres éternelles. Dans cette dernière catégorie, quelques-unes peuvent être perceptibles à l’intelligence. Aussi quelques philosophes leur refusent-ils le nom de causes obscures, puisque le raisonnement parvient à les découvrir par des propositions générales, telles que le parallélisme de deux questions douteuses que pénètre la contemplation. Quelques autres, au contraire, inaccessibles à l’intelligence et inaccessibles à tout