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enfants de Médée, n’en sont pas cependant la cause déterminante. Médée seule en est la cause. Voilà pourquoi ce qui n’empêche pas n’agit pas. Conséquemment ce qui n’empêche pas est séparé de ce qui a lieu ; tandis que la cause se rapporte à ce qui se fait, d’où il suit que ce qui n’empêche pas ne peut être une cause, et l’effet s’accomplit parce que celui qui peut l’empêcher refuse son assistance. Il y a quatre espèces de causes ; efficiente, c’est le statuaire qui produit la statue ; physique, l’airain dont elle est faite ; formelle, le caractère qu’elle prend ; finale, la gloire du gymnasiarque. L’airain représentant les éléments indispensables pour que la statue ait lieu, est également une cause. Car toute chose, sans le concours de laquelle un effet devient impossible, est nécessairement une cause, sinon absolue et renfermant en elle-même son effet, au moins une cause auxiliaire. Tout ce qui opère produit un effet concurremment avec l’aptitude de l’objet qui le souffre. La cause établit et dispose ; mais chaque objet s’affecte selon ses prédispositions naturelles ; car l’aptitude concourt aussi à l’action et tient la place des éléments indispensables. La cause est donc inefficace sans la coopération de l’aptitude. Néanmoins cette dernière n’est pas une cause, mais seulement un auxiliaire. Toute cause, en effet, porte avec elle l’idée d’action. La terre ne s’est pas faite elle-même : une cause conséquemment ne peut pas être cause d’elle-même. Dire que ce n’est pas le feu, mais le bois, qui cause la brûlure ; que ce n’est pas le glaive mais la chair, qui cause l’incision ; que l’athlète a été vaincu non par les forces de son adversaire, mais par sa propre faiblesse, c’est chose ridicule. La cause qui renferme en elle-même son effet n’a pas besoin de temps : appliquez le cautère sur la peau, il éveillera sur-le-champ la douleur. Quant aux causes occasionnelles ou procatarctiques, les unes ont besoin de temps pour que l’effet parvienne à sa consommation ; les autres n’en ont pas besoin comme dans le cas de quelque fracture. Entendons-nous, cependant. Ces causes sont dites opérant sans intervalle de temps, bien moins parce qu’il ne leur faut pas de temps pour se développer que par ce qu’il leur faut un terme très-court. Ainsi du