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S’il veut que nous discutions sans qu’il nous réponde, adressons-lui ces mots : « Puisque vous n’avez pas consenti à nous dire dans quel sens vous prenez la question que vous avez établie, sans quoi je ne discuterais pas la signification, mais j’irais sur le champ au fond de la proposition elle-même, sachez-le, vous avez agi à peu près comme si vous aviez demandé : Le chien est-il un animal ? J’avais droit de vous demander, dans ce cas : De quel chien parlez-vous ? Il y a le chien de terre, le chien de mer, le chien, constellation du ciel, le chien philosophe, Diogène, par exemple, et une infinité d’autres chiens. Sur lequel me questionnez-vous ? Sur tous, ou sur l’un d’eux ? Je ne puis le deviner. Expliquez-vous donc ouvertement. Sur quoi porte votre question, puisque vous serez obligé de le faire quand je vous aurai répondu ? Si vous vous réfugiez dans une chicane de mots, il est évident que le mot fœtus n’est ni un animal, ni une plante, mais bien un nom, un son, un corps, un être, quelque chose, tout au monde enfin, plutôt qu’un animal. Était-ce là le but de votre question ? J’y ai répondu. La signification renfermée dans ce mot de fœtus n’est pas davantage un animal ; c’est une substance incorporelle : il faut l’appeler une chose, une conception de l’esprit, tout au monde, plutôt qu’un animal. La nature des diverses significations du mot animal est quelque chose qui diffère totalement de la nature de l’animal, point essentiel de la question. L’autre côté de la question, c’est donc quelle est la nature de l’animal ? Dans ce cas, je raisonne ainsi : Si vous appelez animal ce qui est susceptible de sentir et de se mouvoir en vertu du désir, l’animal n’est pas simplement ce qui peut sentir et se mouvoir ; car il peut aussi dormir, ou ne pas sentir, dans l’absence des objets sensibles. Or, la faculté de se mouvoir par le désir, a été donnée par la nature comme la marque distinctive à laquelle on reconnaît l’animal. De là les considérations suivantes : Le fœtus, enfermé dans la matrice, est-il incapable de mouvement et de sensation ? Premier point à débattre. Second point : le fœtus, enfermé dans la matrice, peut-