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sence est connue, on procède à l’examen des propriétés et des affections. Il faut donc, à l’origine de la discussion, demander à celui qui propose le point douteux : Qu’appelez-vous animal ? Pratique nécessaire principalement quand le mot s’applique à des usages différents ; alors on examinera soigneusement si le doute provient de la double signification du mot, ou si tous en ont une idée claire et distincte. Si l’adversaire vous répond qu’il entend par animal ce qui se développe et se nourrit, nous lui demanderons de nouveau : Inscrivez-vous les plantes au nombre des animaux ? S’il accorde ce point, il faudra lui montrer à quelle espèce appartient, selon nous, le fœtus enfermé dans la matrice. Platon, en effet, range parmi les animaux les plantes elles-mêmes, parce que, dit-il, elles participent uniquement à la troisième espèce d’âme, à l’âme concupiscible. Aristote est d’avis qu’elles participent à la fois à l’âme végétative et sensitive ; mais il ne veut pas leur donner le nom d’animaux, qualité qu’il réserve exclusivement à l’être doué de la seconde âme sensitive. Quant aux Stoïciens, ils n’appellent point âme la faculté végétative. Celui qui a posé la question vient-il à nier que les plantes soient des animaux, nous lui prouverons qu’il se place en contradiction avec lui-même. Car, en définissant, d’une part, l’animal comme un être qui se nourrit et se développe, et de l’autre, en déclarant que la plante n’est point un animal, qu’a-t-il fait autre chose que de dire : L’être qui se développe et se nourrit est un animal et n’est pas un animal ? Qu’il s’explique donc ! Quel est son but ? Veut-il nous apprendre que le fœtus, enfermé dans la matrice, s’y développe et s’y nourrit ? ou bien veut-il prouver qu’il participe au mouvement ou à la faculté concupiscible ? En effet, d’après l’avis de Platon, la plante est animée ; elle est un véritable animal. Suivant Aristote, au contraire, la plante, quoique animée, n’est pas encore un animal, parce qu’il lui manque la sensation. L’animal est donc, dans son opinion, une essence animée, douée de la faculté de sentir. Interrogez les Stoïciens, au contraire : la plante, vous diront-ils, n’est ni animée, ni un animal ; car l’animal est une essence