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DE LA TRADITION.

tiens. Quoi ! Dieu a employé ces moyens surnaturels pour propager une doctrine qui se corrompait déjà, et dont les erreurs allaient croître pendant quinze siècles entiers ? C’est une supposition non moins absurde qu’impie.

Enfin, nous prions Le Clerc de nous dire où les fidèles du second siècle, instruits par les pasteurs de ce temps-là, avaient puisé des mœurs plus pures, et une religion plus saine que celles de ceux qui étaient chargés de les enseigner ; est-ce encore dans le texte hébreu de l’Écriture-Sainte ? On est tenté de croire que Le Clerc était en délire, lorsqu’il a écrit ces inepties. Mosheim n’a été guère plus raisonnable ; il soutient que les Chrétiens ont été imbus de plusieurs erreurs, dont les unes venaient des Juifs, les autres des païens ; donc il ne faut pas croire, dit-il, « qu’une opinion tient à la doctrine chrétienne, parce qu’elle a régné dès le premier siècle et du temps des apôtres. » Il met au rang des erreurs Judaïques l’opinion de la fin prochaine du monde, de la venue de l’Ante-Christ, des guerres et des forfaits dont il serait l’auteur, du règne de mille ans, du feu qui purifierait les âmes à la fin du monde. Il attribue aux païens ce que l’on pensait des esprits ou génies bons ou mauvais, des spectres et des fantômes, de l’état des morts, de l’efficacité du jeûne pour écarter les mauvais esprits, du nombre des cieux, etc. « Il n’y a rien de tout cela, dit-il, dans les écrits des apôtres ; c’est ce qui prouve la nécessité de nous en tenir à l’Écriture-Sainte, plutôt qu’aux leçons d’aucun docteur, quelque ancien qu’il soit. » Ce critique avait-il réfléchi avant d’écrire ?

1° S’il entend seulement que parmi les premiers Chrétiens quelques particuliers ont retenu des opinions juives ou païen-