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une démonstration existe, la nécessité veut absolument qu’il y ait quelque chose d’antérieur qui entraîne, par sa propre vertu, l’assentiment de la foi. On le nomme principe originel, indémontrable. Toute démonstration se ramène donc à une foi qui n’est pas susceptible de démonstration. Cependant, il existe encore, après les sources qui jaillissent de la foi, d’autres principes de démonstration d’où naît l’évidence, telles que les relations des sens et les perceptions de l’entendement. Les objets qui tombent sous nos sens sont simples et indécomposables. Ceux que perçoit notre intelligence sont simples, rationnels, et primitifs. Les conceptions qui naissent de ces deux voies, quoique composées, n’en sont pas moins évidentes, croyables, et plus rationnelles. L’intelligence, noble privilége que l’homme tient de sa nature, a donc pour fonction de juger de ce qui convient ou de ce qui répugne. Par conséquent, la discussion a-t-elle été disposée de telle sorte que les propositions que l’on croit déjà confirment et appuient de leur autorité celles que l’on ne croit pas encore ? Là, dirons-nous, réside l’essence de la démonstration.

Il y a deux espèces de foi et de démonstration, ainsi que nous l’avons établi : l’une se contente de persuader l’âme de l’auditeur ; l’autre engendre la connaissance. Prenez pour point de départ les objets qui sont évidents pour les sens et pour l’esprit ; puis tirez-en une conclusion légitime : vous avez démontré dans toute la rigueur du mot. Restez-vous dans le champ de l’opinion humaine, au lieu de vous élever aux premiers principes, c’est-à-dire vous enfermez-vous dans les objets qui ne sont évidents ni pour les sens ni pour l’esprit, si vos conclusions sont légitimement déduites, vous avez pu établir des syllogismes rigoureux ; mais la démonstration scientifique, jamais. Vos conséquences sont-elles fausses et arbitraires, vous n’avez pas même raisonné. La démonstration est différente de l’analyse. Chacune des prépositions à démontrer se démontre par d’autres propositions qui ont déjà reçu elles-mêmes une démonstration précédente, jusqu’à ce que l’on remonte, de degré en degré, aux principes qui portent en eux l’assentiment de la foi ou aux objets qui sont évi-