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sulte d’arguments nombreux. Conclure d’après les aveux de l’adversaire, c’est former un syllogisme ; conclure d’après des principes reconnus pour vrais, c’est démontrer. À ce titre, la démonstration renferme un double avantage ; ici, parce qu’elle s’appuie sur des principes incontestables pour prouver le point litigieux ; là, parce qu’elle tire une conclusion légitime et d’accord avec ces principes. Que le principe n’existe pas, c’est-à-dire que de prémisses erronées[1] vous tiriez une conséquence bien déduite, au lieu d’avoir établi la démonstration, vous n’avez fait qu’un syllogisme. Encore un coup, le syllogisme consiste uniquement à tirer une conclusion légitime et d’accord avec les prémisses. Au contraire, avez-vous rendu sensible et incontestable chaque proposition précédente, vous n’avez plus seulement raisonné par voie de syllogisme ; vous avez démontré pleinement. Conclure[2], ainsi que l’indique le mot grec, n’est pas autre chose que mener à terme le discours. Le terme de chaque discussion c’est le point débattu, qui prend aussi le nom de conclusion. La proposition simple et première n’est pas encore le syllogisme. Celui-ci se compose de trois parties au moins ; les deux premières sont prises comme lemmes ;[3] la troisième comme conséquence.

Ou bien toutes les parties ont besoin d’être démontrées, ou bien certaines parties portent avec elles-mêmes leur démonstration. Le premier principe est-il vrai ? En demandant la démonstration de chaque démonstration on s’engage dans l’infini, sans pouvoir arriver à une démonstration satisfaisante. Est-ce le second ? les choses qui portent avec elles-mêmes leur démonstration serviront de base aux démonstrations subséquentes. Tous les philosophes conviennent que les principes originels sont partout inaccessibles à la démonstration. Par conséquent, si

  1. Nous avons suivi, dans ce passage, la correction proposée par Sylburguis et confirmée par un passage d’Aristote sur le syllogisme.
  2. Perainô, achever.
  3. Propositions préliminaires que l’on démontre pour servir de point d’appui à une autre démonstration.