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DE LA TRADITION.

reurs. Mais quelle est celle des fausses traditions citées par Le Clerc qui est passé en dogme dans l’Église, et a été généralement adoptée ? Car c’est ici le point de la question. Jamais on ne s’est avisé d’appeler tradition le sentiment particulier d’un ou deux Pères de l’Église, mais le sentiment du plus grand nombre, confirmé et perpétué par l’enseignant de l’Église. Saint Irénée, est le seul qui ait cru que Jésus-Christ avait vécu plus de quarante ans, et il fondait cette opinion sur l’Évangile (Jean chap. VIII, ℣ 57.) ; les Millénaires appuyaient la leur sur l’Apocalypse, et les Quatuordécimes pouvaient se revaloir de ce que Jésus-Christ avait dit : (Luc chap. XXII ℣. 16) : « Je ne mangerai plus cette Pâques jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le royaume de Dieu. » Or, il l’avait mangée le quatorzième de la lune de Mars. Lorsqu’un Protestant vient nous dire : fiez-vous après cela aux traditions, un Déiste peut ajouter sur le même ton : Fiez-vous après cela à l’Écriture-Sainte, sur laquelle on a étayé toutes les erreurs possibles.

7° Si les pères du second siècle étaient en général ignorants, crédules, mauvais raisonneurs, incapables d’entendre et d’interpréter l’Écriture-Sainte, les apôtres ont été bien mal inspirés par le Saint-Esprit, lorsqu’ils ont choisi de tels hommes pour leur succéder. N’y en avait-il donc point de plus capables ? Saint Irénée nous en donne une idée fort différente, Contra hier. Liv. III, chap. III, ℣ 1). Il devait les connaître, puisqu’il avait vécu avec eux. Le Clerc convient cependant (n° 22) que le Christianisme fit de grands progrès dans ce siècle, par les restes de miracles opérés par les disciples des apôtres, par la réfutation des erreurs des païens, par la constance des martyrs, par la pureté des mœurs des Chré-