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qu’à la racine ; arrachez de votre âme la colère, la cupidité, l’envie, la crainte ; faites surtout la paix avec votre adversaire, afin que Dieu, à votre mort, vous trouve réconcilié avec lui. Je sais qu’il est bien difficile, et presque impossible, d’arracher tout d’un coup et à la fois des habitudes vicieuses et invétérées. Nous le pouvons cependant par le secours de la grâce de Dieu et des prières de nos frères, par une vraie pénitence et des méditations assidues.

Vous tous donc qui êtes riches, orgueilleux de votre puissance et de vos dignités, placez, il le faut pour votre salut, placez au-dessus de vous un homme de Dieu dont la vertu anime la vôtre et qui vous soit un guide fidèle et assuré. Ayez au moins un homme que vous respectiez, un homme que vous craigniez. Accoutumez-vous à l’entendre vous parler librement, soit qu’il vous blesse par ses reproches, soit qu’il vous touche par des discours pleins de tendresse et de douceur. Des objets toujours agréables fatiguent la vue et gâtent les yeux. Il faut pleurer quelquefois pour les conserver mieux. Il est bon de souffrir pour se bien porter : une volupté prolongée affaiblit et aveugle l’âme ; elle se retrempe dans la douleur que lui fait éprouver une juste sévérité. Craignez-le donc quand il s’irrite, gémissez quand il gémit, respectez-le quand il s’efforce d’apaiser votre colère. Allez vous-même au-devant des peines qu’il s’apprête à vous imposer ; qu’il passe en votre faveur de nombreuses nuits sans sommeil, versant devant Dieu des prières pour votre salut, et le touchant par les accents d’une voix qui lui est connue. Dieu est tout cœur et tout entrailles pour ceux qui sont ses enfants. Si vous honorez ce saint guide à l’égal d’un ange de Dieu ; si vous ne l’attristez point, mais qu’il s’attriste de lui-même à cause de vous, ses prières pour votre salut seront pleines de puissance et de pureté, et votre pénitence ne sera point vaine. « Dieu ne sera ni moqué ni trompé ; » de vaines paroles ne le désarmeront point. Il sonde nos reins et nos cœurs, il pénètre la moelle cachée de nos os. Il entend ceux qui crient vers lui du milieu des flammes ; il exauce le repentir de celui qui pleure dans le ventre de la baleine. Toujours près des fidèles, il s’é-