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vre la multitude des péchés. La charité parfaite bannit toute crainte ; elle n’agit ni par envie ni par orgueil ; elle ne se réjouit point de l’iniquité, mais elle se réjouit de la vérité ; elle supporte tout, elle croit tout, elle espère tout, elle souffre tout. La charité ne finira jamais, au lieu que les prophéties s’anéantiront, les langues cesseront, la science sera abolie. Or, ces trois choses, la foi, l’espérance et la charité, demeurent maintenant, mais la charité est la plus excellente des trois. » Quoi de plus vrai ? La foi passe, en effet, quand nous voyons de nos yeux le Dieu auquel nous croyons. L’espérance s’évanouit quand nous possédons les objets dont le désir la faisait vivre. La charité s’accroit encore dans sa perfection et s’allume de plus en plus dans le sein de Dieu. Si quelqu’un embrasse cette vertu avec ardeur, quels que soient ses péchés et ses crimes, la charité, aidée d’une pénitence sincère, les effacera. Je vous le dis, afin qu’en quelque état que vous soyez, votre esprit ne se laisse point vaincre et abattre par le désespoir, afin que vous sachiez positivement quel est le riche qui a une place dans le ciel, et quel usage il fait de ses biens.

Si quelqu’un, surmontant les dangers, soit de la richesse, soit de la pauvreté, s’approche chaque jour avec ardeur de la possession des biens célestes, mais qu’ensuite, par hasard, par ignorance, par accident, déjà marqué du sceau de Dieu et délivré de l’esclavage du vice, il retombe dans ses péchés et demeure comme accablé sous leur poids, Dieu le rejette et le réprouve. Tournez-vous vers Dieu de tout votre cœur ; il vous ouvrira lui-même les portes du ciel. C’est un bon père qui se réjouit du repentir vrai de son fils. Voulez-vous que votre repentir soit sincère, ne péchez plus. Arrachez avec soin de votre âme les habitudes vicieuses que vous sentez vous-même vous rendre coupable et digne de mort. Nettoyez votre âme de ses souillures, Dieu reviendra l’habiter. Lui-même il nous apprend que la conversion d’un seul pécheur le remplit, lui et ses anges, d’une joie pure et incomparable. Aussi est-ce pour cela qu’il criait : « Je veux la miséricorde, non le sacrifice. Je ne veux pas que le pécheur meure, mais qu’il se repente.