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aura ouvert et dont seul il pouvait nous parler ? Puisque Dieu est lui-même la charité, cette vertu puissante qui nous le fait vaincre et posséder. Notre père, par un pouvoir divin qui nous est caché ; il est aussi notre mère par une miséricorde éclatante qui frappe nos yeux. Pour nous, il réunit dans son amour et dans ses bienfaits la double nature de père et de mère. Il nous le prouve, en engendrant un fils qui nous sauve ; et ce fruit de la charité est lui-même la charité. C’est pour elle qu’il est descendu du ciel ; c’est pour elle que, se faisant homme, il a revêtu à la fois nos misères et notre corps, se mêlant et s’abaissant ainsi à notre faiblesse pour nous relever par sa force. Sur le point de mourir pour nous, il nous laisse son testament. « Je vous laisse, dit-il, mon amour. » Quel amour, grand Dieu ! et à quel excès n’est-il pas monté ! Il fait pour chacun de nous en particulier le sacrifice de sa vie, sacrifice que les âmes réunies de tous les hommes ne méritaient pas et ne sauraient payer. Il veut que nous l’imitions et que chacun de nous soit prêt à donner sa vie pour celle de son frère. Et quand il nous fait un devoir de nous aimer fraternellement et de mourir, s’il le faut, l’un pour l’autre ; quand l’alliance divine qu’il fait avec nous est à ce prix, nous enfermerons, nous réserverons pour nous seuls des biens périssables, entièrement étrangers à la nature immortelle de notre âme ! Nous tiendrons sous la clé, nous nous refuserons l’un à l’autre de viles richesses que le feu doit bientôt dévorer. Cette parole de saint Jean est vraiment divine et pleine d’une tendre sollicitude pour notre salut : « Celui qui n’aime point son frère est un homicide. » Race de Caïn, disciple du démon, sans entrailles, sans espérances, frappé de stérilité et de mort, il n’est point un rejeton de la vigne céleste éternellement vivante ; il est une branche sèche, condamnée, coupée et jetée au feu.

Mais apprenez, en finissant, quelle est la voie par excellence qui conduit au ciel, et que saint Paul ouvre devant nous en ces termes : « La charité ne cherche point ses propres intérêts, mais elle se répand sur son frère et brûle pour lui d’un ardent amour qui semble aller jusqu’à la folie. La charité cou-