Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/501

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fût le plus grand d’entre les enfants des hommes. « Celui, dit-il encore, qui reçoit un juste ou un prophète, en qualité de juste ou de prophète, recevra la récompense d’un juste ou d’un prophète ; et celui qui donnera un verre d’eau froide à un de mes disciples en qualité de mon disciple, ne perdra pas sa récompense. » Et il ajoute : « Employez les richesses injustes à vous faire des amis, afin que lorsque vous viendrez à défaillir, ils vous reçoivent dans les demeures éternelles. » C’est dire assez que nos richesses ne doivent pas seulement être employées à notre usage, mais à celui de nos frères ; c’est nous apprendre à tirer la justice de l’injustice, en secourant quelqu’un de ceux à qui Dieu prépare son royaume. Remarquez d’abord qu’il ne vous ordonne point de souffrir qu’on vous demande, ni de permettre que les pauvres vous soient importuns ; mais de chercher vous-mêmes ceux que vous devez secourir, les véritables disciples du Christ. L’apôtre a dit admirablement : « Dieu aime l’homme qui donne avec joie, qui se complaît dans ses bienfaits ; qui donne sans murmure, sans distinction, sans regret, véritable caractère de la bienfaisance. » Ce fidèle est encore plus grand, à qui le Sauveur dit dans un autre passage : « Donnez à tous ceux qui vous demandent. » C’est imiter, en effet, la bonté facile et inépuisable de Dieu. Cette doctrine paraît être élevée au-dessus même de la perfection, de ne pas attendre qu’on vous demande ; mais de chercher vous-même ceux qui sont dignes d’être secourus.

Quelle récompense cependant de votre charité et de vos bienfaits, les tabernacles éternels ! Quel admirable et divin commerce ! échanger des biens qui périssent contre des biens qui ne périssent pas ! Vous bâtir de vos propres mains dans le ciel une demeure indestructible ! Ô vous qui êtes riches, si votre folie ne vous aveugle point, hâtez-vous, faites, concluez un marché si avantageux ! Parcourez, s’il le faut, la terre entière ; n’épargnez ni soins ni dangers. Tandis que cette vie vous est laissée, tandis que vous le pouvez encore, achetez le royaume des cieux. Pourquoi mettre votre joie dans des pierres précieuses, dans des palais que le feu dévore, que le temps dé-