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DE LA TRADITION.

pour rendre parfait un homme de Dieu, et le rendre propre à toute bonne œuvre. » Mais on ne fait pas attention que Timothée, né en Lycaonie, d’un père gentil, élevé par une mère et par une aïeule juives, n’avait pu lire l’Écriture-Sainte que dans la version des Septante ; cependant cela suffisait, selon saint Paul, pour lui donner la science du salut, pour le mettre en état d’enseigner, pour faire de lui un pasteur parfait. Comment cela ne suffisait-il plus aux Pères du second siècle ? Autre mystère. Disons hardiment que s’il avait paru pour lors une nouvelle version grecque de l’ancien Testament, elle aurait été rejetée par les Juifs hellénistes, prévenus d’estime pour celle des Septante, et accoutumés à la lire ; qu’elle aurait été suspecte même aux Gentils convertis, dès qu’ils auraient su qu’il y en avait une plus ancienne. C’est ce qui arriva au quatrième siècle, lorsque saint Jérôme entreprit de donner une nouvelle version latine sur l’hébreu.

5° Du moins les Pères grecs du second siècle et du troisième entendaient le texte grec du nouveau Testament ; et il est à présumer qu’ils le lisaient encore plus souvent que l’ancien. Comment cette lecture ne les a-t-elle pas détrompés des erreurs qu’ils puisaient dans la traduction de celui-ci, faite par les Septante ? Plusieurs protestants ont dit que quand il ne nous resterait que le seul évangile de saint Mathieu, c’en serait assez pour fonder notre foi. Il est bien étonnant que le nouveau Testament tout entier n’ait pas pu préserver de toute erreur les disciples des apôtres et leurs successeurs.

6° Suivant le sentiment des Protestants, saint Paul a encore très-grièvement péché en recommandant aux fidèles de garder la tradition ; il devait, au contraire, leur défendre d’y avoir égard, puisque, c’est là une source intarissable d’er-