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avoir besoin : de l’huile, des bandages, un cheval. Il donne de l’argent au maître de l’hôtellerie ; il lui en promet encore. « Quel est celui des trois, dit ensuite Jésus-Christ, qui a été le prochain du blessé ? » Et comme on lui répondit : Celui qui a exercé envers lui la miséricorde : « Allez donc, reprit-il, faites de même. » La charité est, en effet, la mère de la bienfaisance.

Par l’un et l’autre de ces commandements, le Sauveur nous enseigne la charité et nous en fait une loi ; mais avec ordre et distinction. La première partie de cette vertu appartient à Dieu ; la seconde, à notre prochain. Mais quel autre fut notre prochain plus que le sauveur lui-même ? Quel autre exerça envers nous de plus grandes miséricordes ? Près de périr sous les blessures sans nombre que les esprits des ténèbres nous avaient portées, l’âme, remplie par eux de fausses craintes, de désirs impurs, d’aveugles fureurs, de voluptés trompeuses et inquiètes, il a guéri toutes nos blessure, il a détruit et déraciné nos vices, non point comme la loi, dont les effets, se ressentant de la malignité de leur origine, sont faibles et impuissants, mais en portant lui-même le tranchant de la hache au pied de l’arbre du mal, et en arrachant de ses mains toutes ses racines. Il a versé sur les blessures de nos âmes un vin précieux qui est le sang de la vigne de David ; il a tiré de ses entrailles l’huile abondante dont il les a arrosées. Il les a liées et réunies par des bandages indissolubles, la foi, l’espérance et la charité. Il a ordonné aux anges, aux principautés et aux puissances du ciel de nous servir, et il leur en a payé le prix en les délivrant de la vanité du monde dans la révélation de la gloire des fils de Dieu. Aimons donc ce Dieu bienfaisant, aimons-le de toutes nos forces et plus que nous-mêmes. C’est l’aimer, que de faire sa volonté et d’obéir à ses préceptes. « Tout homme qui me dit : Seigneur, Seigneur, n’entrera point dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon père. » Et ailleurs : « Pourquoi me dites-vous Seigneur, Seigneur, et ne faites-vous pas ce que je dis ? » Et ailleurs encore : « Heureux vous qui voyez et entendez ce que ni les justes ni les pro-