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d’être sauvés ne suffit point pour qu’ils le soient effectivement. Examinons donc quelle est l’espérance que Dieu leur prescrit, et comment leur richesse, qui semblerait devoir détruire leur espérance, leur prête, au contraire, un secours favorable pour en obtenir l’accomplissement. Le maître, interrogé, répond que le plus grand de tous les commandements est celui-ci : « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de toute votre âme et de toutes vos forces. » Ce commandement est, en effet, et à juste titre, le premier et le plus grand de tous. Il nous explique nos devoirs envers Dieu, qui est notre père, qui a tout créé, qui conserve tout, dans le sein duquel reviendront tous les hommes qui seront sauvés. Avant que nous pussions le connaître et l’aimer, il nous a aimés et choisis ; ce serait donc une affreuse ingratitude de porter ailleurs notre amour, la seule chose qu’il nous demande pour tous les biens dont il nous comble, la seule enfin que notre faiblesse puisse lui donner, puisqu’il est parfait et n’éprouve aucune sorte de besoin. Cet unique et ardent amour qu’il exige de nous, il nous le paie par une récompense incorruptible. Plus nous l’aimons, plus nous lui ressemblons ; plus notre nature se mêle et se confond avec la sienne.

Le second commandement n’est pas, nous dit le Sauveur, de beaucoup inférieur au premier : « Vous aimerez votre prochain comme vous-même. » Vous aimerez donc votre Dieu plus que vous-même. Jésus-Christ, à qui un de ses auditeurs demandait qui est mon prochain ? ne le définit point, comme l’auraient fait les Juifs, par la proximité du sang. Il ne dit point : C’est votre parent, votre concitoyen, un prosélyte, un circoncis, un homme enfin qui obéit à la même loi ; il suppose un homme qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, est attaqué par des voleurs, percé de coups, laissé sanglant et à demi-mort sur la route. Un prêtre le voit, et passe outre ; un lévite passe, et ne le regarde même pas ; un Samaritain, méprisé et séparé du reste des Juifs, exerce envers lui la miséricorde. Il ne vient pas en ce lieu comme amené par le hasard, il y vient apportant ou conduisant avec lui tout ce dont son frère blessé peut