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effet, ne peut, par l’unique secours de ses vertus et de ses œuvres, vaincre ses passions et apaiser les troubles de son esprit ; mais si ses désirs, élevés vers Dieu, s’enflamment encore davantage par la difficulté qu’il éprouve à les satisfaire ; s’il redouble d’ardeur et d’efforts, le grâce divine lui vient en aide et réalise ses espérances. Voulez-vous véritablement, l’esprit de Dieu est avec vous ; cessez-vous de vouloir, il se retire. Il est d’un tyran de sauver par force, il est d’un Dieu libéral et indulgent de céder à une volonté forte et librement exprimée. La mollesse et la volupté n’acquièrent point le royaume des cieux ; c’est la violence qui s’en empare. Cette violence, qui arrache à Dieu notre salut et notre vie, est la seule qui soit sainte et vertueuse. Juge suprême du combat que nous soutenons contre lui, Dieu cède volontiers à ceux dont le courage ne faiblit point et ne se ralentit jamais. Il aime et se plaît à être vaincu. Aussi, lorsque saint Pierre, ce disciple choisi et excellent entre tous, ce prince, dis-je, des disciples, pour qui seul le Seigneur voulut acquitter le tribut comme pour lui-même, eût entendu ce discours, il en saisit soudain le sens et la force ; autrement, pourquoi aurait-il dit : « Pour nous, vous le savez, nous avons tout quitté et vous avons suivi ? » S’il parle ainsi des biens terrestres qu’il a quittés, biens sans valeur, même aux yeux des hommes, ne semble-t-il pas qu’il se glorifie imprudemment et qu’il demande une récompense bien au-dessus d’un si léger sacrifice ? Mais s’il parle, comme je le soutiens, de ses passions et de ses vices qu’il a vaincus et étouffés, c’est bien là le sacrifice que le maître ordonne et qui conduit au ciel. En effet, nous suivons le Sauveur en l’imitant, en rendant notre vie semblable à la sienne, en nous servant de sa conduite et de ses mœurs comme d’un miroir pour régler et embellir les nôtres.

Mais Jésus répondit : « En vérité, je vous le dis, celui qui laissera tout ce qu’il possède, ses parents, ses frères et ses biens pour moi et pour l’Évangile, recevra au centuple. » Que ces paroles, ni celles d’un autre passage, encore plus dures : « Celui qui ne hait point son père, sa mère, ses enfants,