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C’est notre âme qui nous fait obéir ou désobéir à Dieu ; c’est elle qui nous rend purs ou impurs devant lui. Ne cherchons pas hors d’elle les causes de nos vices et de nos vertus, nous ne les y trouverions pas.

Le vrai riche, s’appuyant sur la vertu, fait de sa fortune, quelle qu’elle soit, un usage saint et agréable à Dieu. Le faux riche attache sa vie et toutes ses pensées à une substance extérieure, tantôt périssant tout-entière, tantôt passant d’un homme à un autre, et dont enfin rien ne demeure. Comme il y a de vrais et de faux riches, il y a de véritables et de faux pauvres. Les uns, en effet, sont pauvres d’esprit, ce qui est le caractère de la véritable pauvreté ; les autres le sont seulement des biens du siècle, ce qui n’a aucun rapport avec le commandement du Sauveur. C’est à ce dernier, pauvre des biens du siècle et riche de vices, non point à celui qui est pauvre d’esprit et riche selon Dieu, qu’il adresse ces paroles : « Abandonnez ces biens étrangers qui possèdent votre âme, afin que, devenant purs de cœur et d’esprit, vous voyiez Dieu ; » ce qui est dire, sous d’autres paroles, afin que vous entriez dans le royaume des cieux. Comment abandonner vos richesses ? En les vendant ? Quoi donc ! faudra-t-il que vous receviez en argent le prix de vos héritages ? Échangerez-vous des richesses que vos yeux voient et que vos mains touchent contre un argent également frivole et périssable ? Nullement ; mais au lieu des richesses qui souillent votre âme que vous voulez sauver, acquérez-en d’autres qui vous rendent semblable à Dieu et vous le font voir. Vous obéirez ainsi véritablement à ses préceptes, et vous en recevrez, pour prix de cette obéissance, une gloire sans fin, une vie éternelle et incorruptible. Vous échangerez des biens superflus qui vous ferment les portes du ciel contre des biens invisibles qui vous les ouvrent. Laissez donc aux pauvres du siècle ces folles richesses, et, vous mettant en peine seulement des spirituelles, amassez-vous un trésor dans le ciel.

Le sens de ces paroles métaphoriques échappa à cet homme riche et attaché à la lettre de la loi. Il ne comprit pas com-