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DE LA TRADITION.

propre, ni la transmission du péché originel, ni l’éternité des peines de l’enfer, etc. ; le fond de son Christianisme se réduit presque à rien : l’unité de Dieu, l’immortalité de l’âme ; le bonheur futur des justes, la mission de Jésus-Christ, la suffisance de l’Écriture interprétée à sa manière, voilà tout son symbole. Or, Dieu, selon lui, n’en a pas conservé purs tous les articles dans le second siècle, puisque l’on y a commencé à enseigner la Trinité des personnes en Dieu, la nécessité de la tradition, le culte des martyrs, etc. ; autant d’erreurs destructives du Christianisme Socinien.

Nous ne contesterons pas au critique que les apôtres n’aient reçu, avec le don des langues, la faculté d’entendre et de parler l’ancien hébreu. Cette connaissance leur était nécessaire pour convaincre les docteurs juifs qui auraient pu leur opposer les oracles de l’Écriture, suivant le texte original. Mais alors les apôtres en paraîtront plus coupables aux yeux de Le Clerc et de ses pareils. Convaincus de la nécessité de savoir l’hébreu, les apôtres n’ont commandé à personne de l’apprendre ; connaissant toute l’imperfection de la version des Septante, ils n’ont chargé personne d’en faire une meilleure ; en se servant de celle-là, ils lui ont concilié un respect que sans cela on n’aurait pas eu pour elle. S’ils ont bien fait de se prêter ainsi au besoin des hellénistes, pourquoi leurs disciples ont-ils mal fait au second siècle de suivre leur exemple ? Nous ne le concevons pas. On nous cite avec emphase ces paroles de saint Paul à Timothée (Épit. II, chap. III, ℣. 16.) : « Comme vous connaissez dès l’enfance les saintes Écritures, elles peuvent vous instruire pour le salut, par la foi en Jésus-Christ. Toute Écriture divinement inspirée est utile pour enseigner, pour reprendre, pour corriger, pour instruire dans la justice,