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the, Marthe, vous vous troublez du soin de mille choses ; mais Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera point ôtée, ainsi il ordonne à ce jeune homme de renoncer à ses occupations tumultueuses pour ne s’attacher qu’à lui seul et à sa grâce qui lui ouvrira l’entrée de la vie éternelle.

Qu’est-ce donc qui le mit en fuite et le fit s’éloigner du maître dont il était venu solliciter les secours ? Qu’est-ce qui lui fit perdre l’espérance, la vie, et tout le fruit des bonnes œuvres qu’il avait déjà faites pour l’acquérir ? Ce furent ces paroles : « Vendez ce que vous avez. » Mais que veulent dire ces paroles ? Non point certes ce qu’elles semblent dire d’abord : Dépouillez-vous de vos richesses, rejetez-les loin de vous ; ce n’est point là leur véritable sens. Mais arrachez de votre âme les vains jugements que vous formez des richesses et cette honteuse plaie de l’avarice, source de mille soins impurs, épines du siècle, qui étouffent les semences de la vie. Se priver de ses richesses sans acquérir la vie, est-ce un sacrifice héroïque et qui mérite d’être imité ? Mais, à ce compte, les mendiants et vagabonds de nos places publiques, qui ne possèdent absolument rien et vivent sans repos et sans consolation, lors même qu’ils ignorent Dieu et sa justice, seraient cependant, par ce seul motif qu’ils sont les plus pauvres de tous les hommes, seraient, dis-je, les plus heureux, les plus religieux, les seuls destinés à la vie éternelle. Cela est absurde à penser, d’autant plus que le sacrifice de nos richesses, et leur distribution aux pauvres, n’est pas un sacrifice nouveau et inconnu aux hommes. Plusieurs l’avaient déjà fait avant la venue du Sauveur : les uns, pour se livrer sans distraction à l’étude des lettres et d’une science morte ; les autres, pour acquérir le vain renom d’une gloire frivole, tels qu’Anaxagore, Démocrite et Cratès.

Qu’y a-t-il de nouveau dans cette maxime du Sauveur, qui ne puisse venir que de Dieu, et qui donne la vie aux hommes, ce que n’a pu faire la pauvreté volontaire des anciens ? Qu’est-ce que le fils de Dieu, cette nouvelle créature, nous ordonne de si extraordinaire et de si excellent ? Il ne nous ordonne rien