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vie éternelle, dont il n’a rien fait encore pour s’assurer la possession. Observateur exact de la loi, il est arrivé où la loi finit, il s’arrête où la vie commence. Cette fidélité à la loi était louable sans doute. La loi est comme un maître sévère qui nous instruit par la crainte ; elle est comme un chemin pour arriver à la grâce et à la perfection. Mais Jésus-Christ, qui justifie seul ceux qui croient en lui, est la plénitude de la loi. Ce n’est point un esclave qui fait des esclaves ; c’est un fils qui élève à la dignité de fils, de frères et de co-héritiers de Dieu, tous ceux qui accomplissent la volonté de son père.

« Si vous voulez être parfait. » Ce jeune homme ne l’était donc pas encore ; car qu’y a-t-il au-delà de la perfection ? Ces mots mystérieux et divins, « si vous voulez, » montrent bien la puissance de notre libre arbitre. C’est à l’homme de choisir, il est libre. C’est à Dieu de donner, il est le maître. Or, Dieu donne à ceux qui désirent, prient, et s’efforcent de tout leur pouvoir, afin que leur salut soit leur propre ouvrage. Dieu ne contraint personne ; il est ennemi de la contrainte. Il fait trouver à ceux qui cherchent, il accorde à ceux qui demandent, il ouvre à ceux qui frappent. Si vous voulez donc, si vous voulez véritablement, si vous ne vous trompez pas vous-même, efforcez-vous d’acquérir ce qui vous manque. Ce qui vous manque, c’est ce qui demeure toujours, ce qui est bon, ce qui est au dessus de la loi, ce que la loi ne contient pas, et par conséquent ne peut donner, ce qui appartient aux seuls vivants. De là vient que ce jeune homme, qui avait si hautement parlé de lui-même et de ses œuvres, ne put, par ses œuvres, acquérir la vie éternelle, dont le désir l’avait saisi, parce que la vie est un don du Sauveur et n’est point un don de la loi. Il se retira, triste et déconcerté, accablé sous le poids du commandement qu’il était venu solliciter, puissant pour mille travaux inutiles, impuissant pour le seul travail bon et nécessaire. Comme le Seigneur dit à Marthe que les soins du ménage auxquels elle se livrait tout entière remplissaient de distractions et de troubles, et qui reprochait à sa sœur de lui en laisser tout le fardeau et de se tenir en repos, disciple attentive aux pieds du maître, Mar-