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DE LA TRADITION.

blige à faire ces aveux ; mais cette sincérité n’est qu’une hypocrisie malicieuse, il faut la démasquer.

1° Ce portrait des Pères du second siècle est bien différent de celui qu’en a tracé Beausobre, lorsqu’il a relevé l’intelligence, la capacité, la sage critique avec lesquelles ces Pères ont procédé pour distinguer les livres authentiques de l’Écriture-Sainte d’avec les livres apocryphes. (Voyez ci-dessus notre cinquième preuve.) Le Clerc n’a pas vu qu’en déprimant le caractère et les qualités personnelles de ces témoins il affaiblissait d’autant la certitude du jugement qu’ils ont porté sur le mérite des livres saints. Mais un mécréant n’est presque jamais guidé dans ses écrits que par l’intérêt du moment.

2° Puisque les miracles opérés par les apôtres prouvaient qu’ils étaient inspirés par le Saint-Esprit, nous demandons pourquoi les miracles faits pendant le second et le troisième siècle, par les fidèles et par les pasteurs, ne prouvaient pas qu’ils étaient aussi remplis du Saint-Esprit, quoiqu’ils ne l’eussent pas reçu avec la même plénitude que les apôtres. Jésus-Christ n’avait pas promis à ces derniers l’esprit de vérité pour eux seuls, ni pour un temps, mais pour toujours. Il leur avait dit : « Je vous ai choisis afin que vous alliez faire du fruit et que ce fruit soit durable, » ut fructus vester maneat ; mais ce fruit n’a été que passager, suivant l’opinion de notre dissertateur, il a commencé à se détruire immédiatement après la mort des apôtres.

3° Si ce qu’il dit est vrai, il ne l’est pas que Dieu ait conservé sain et sauf le fond ou le capital du Christianisme. Comme Le Clerc, Socinien déguisé, n’admet ni la Création, ni la Trinité, ni l’Incarnation, ni la Rédemption dans le sens