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mant la vérité et leurs frères, ni ne s’élèvent insolemment contre les riches chrétiens, ni ne les flattent, par un coupable motif d’intérêt, d’arracher d’abord de leur cœur un désespoir insensé, en leur expliquant clairement le sens caché des oracles du Seigneur, et en leur prouvant que s’ils obéissent à ses préceptes, ils ont le même droit que nous à ses récompenses. Il faut ensuite leur faire observer qu’ils craignent à tort là où il n’existe aucun véritable sujet de crainte ; leur rappeler que Dieu reçoit toujours dans son sein ceux qui veulent véritablement y être reçus, et leur apprendre enfin par quels moyens, par quelles œuvres, par quels sentiments se nourrit et se conserve cette espérance précieuse, dont la douceur ne leur est point refusée, mais dont aucun homme n’obtient l’accomplissement sans de pénibles et de continuels efforts.

Comparons ici un moment une récompense frivole et périssable à une récompense grande et incorruptible, et faisons sentir aux riches du siècle, par cette comparaison, que la lutte qu’ils ont à soutenir ressemble à celle des Athlètes dans les jeux publics. L’athlète, en effet, qui, désespérant d’avance de la victoire, n’aura pas même donné son nom pour être inscrit parmi les combattants, ne l’obtiendra sans doute pas ; mais celui qui, ayant conçu l’espérance de l’obtenir, n’aura point habitué son corps à la nourriture, aux travaux et aux exercices propres à ce genre de combat, ne l’obtiendra pas davantage. Son espérance aura été vaine, et il se retirera de la lice sans couronne. Que celui donc qui est riche des biens de la terre craigne d’abord, s’il est fidèle et s’il comprend bien toute l’étendue des miséricordes divines, de se retirer lui-même du combat, et de se priver des récompenses promises par le Sauveur ; mais, une fois descendu dans cette lice sacrée, qu’il n’espère pas non plus en sortir vainqueur sans s’y être auparavant couvert de sueur et de poussière. La couronne de l’immortalité ne s’acquiert qu’à ce prix. C’est au Verbe et à la raison, c’est au Christ, juge du combat, qu’il doit se livrer et se soumettre tout entier. Ses préparatifs pour cette sainte lutte doivent être la lecture assidue du nouveau Testament de notre Seigneur, ses