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DE LA TRADITION.

se sont souvent trompés. Ils ont cru que les Septante avaient été inspirés de Dieu, et ils n’ont pas vu que ces interprètes ont souvent très-mal traduit le texte sacré. Les apôtres n’ont cité cette version que pour se prêter au besoin des Juifs hellénistes qui ne savaient pas l’hébreu. D’où l’on voit que les Pères grecs ont été de mauvais interprètes de l’Écriture, à plus forte raison les Pères latins, qui n’avaient qu’une mauvaise version, faite sur celle des Septante.

Une autre source d’erreurs est venue des traditions reçues de vive voix des apôtres, comme l’opinion que Jésus-Christ a vécu plus de quarante ans, son règne futur de mille ans, le temps de la célébration de la Pâque, etc.

Attachés à la philosophie de Platon, ils ont cherché à en concilier les dogmes avec ceux du Christianisme ; ainsi ils ont adapté la Trinité chrétienne à celle de Platon ; ils ont cru Dieu et les anges corporels. Ignorants dans l’art de la dialectique et dans celui de la critique, ils ont souvent raisonné faux ; ils ont admis comme vrais plusieurs écrits supposés. Empressés d’amener les païens à la foi chrétienne, ils se sont souvent rapprochés des opinions vulgaires ; ils ont pris dans le sens le plus commun des termes qui en avaient un très-différent dans les écrits des apôtres, comme celui de mystère en parlant des sacrements, et celui d’oblation pour désigner l’Eucharistie. De là sont nés une multitude de dogmes qui ne sont point dans le nouveau Testament ; mais comme c’étaient des subtilités que le peuple n’entendait pas, il a eu des mœurs plus pures et une Religion plus saine que ceux qui étaient chargés de l’enseigner.

Le Clerc couronne cet exposé perfide, moitié socinien et moitié calviniste, en disant que la sincérité d’un historien l’o-