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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

un silence respectueux, une charité ardente et vraie, chastes de corps, chastes de cœur, saints enfin, autant qu’ils le peuvent, pour adresser leurs prières au Saint des saints. Les femmes, en outre, doivent s’y présenter voilées, car il est de leur devoir de l’être toujours, si ce n’est dans l’intérieur de leur maison. Cette modeste habitude de rester voilées leur épargne des crimes et en épargne aux autres ; ayant toujours devant les yeux leur voile et la pudeur, elles ne peuvent tomber, ni être à personne une occasion de chute. C’est là ce que le Verbe exige d’elles, puisqu’il leur a ordonné de rester voilées quand elles le prient.

La femme d’Énée, nous disent les historiens, était si chaste et si modeste, que lorsque Troie fut prise et livrée aux flammes, elle ne quitta point son voile, tout épouvantée qu’elle fût, le gardant même sur son visage jusque dans le trouble et le désordre de sa fuite. Les disciples du Christ devraient se montrer dans toutes les actions de leur vie tels qu’ils se montrent à l’Église, aussi graves, aussi doux, aussi pieux, aussi charitables ; mais il ne faudrait pas seulement qu’ils le parussent, il faudrait qu’ils le fussent réellement. Maintenant, au contraire, et je ne sais par quelle fatale habitude, ils changent de maintien, d’esprit et de mœurs en changeant de lieux, semblables aux polypes qui prennent, dit-on, la couleur des pierres auxquelles on les trouve attachés. À peine sortis de l’assemblée des fidèles, ils dépouillent cette sainteté que l’esprit de Dieu y répand, et redeviennent semblables à la multitude insensée qu’ils fréquentent ; ou plutôt, déposant ce faux masque de gravité sous lequel s’était cachée leur hypocrisie, ils se montrent tels qu’on ne pourrait croire qu’ils sont, si eux-mêmes ne se trahissaient. La parole de Dieu qu’ils viennent d’entendre avec respect, ils ne l’emportent point avec eux, mais en se retirant, ils la laissent au lieu même où ils l’ont entendue. Ils n’ont pas plutôt quitté ce saint lieu, qu’ils retombent et s’enfoncent dans le désordre, chantant au bruit des instruments des chansons obscènes, se mêlant sans pudeur au tumulte des festins, à la joie folle de l’ivresse. Tout-à-l’heure ils célébraient l’immorta-