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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

naissent souvent tout-à-coup dans ces rassemblements tumultueux, les appellerez-vous aussi des jeux et des divertissements ? Est-ce enfin un jeu, que d’entretenir par toutes sortes de moyens les misères de l’oisiveté, et de préférer ce qui n’est qu’agréable à ce qui serait bon et utile ? Mais, me répondent-ils, nous ne sommes pas tous des philosophes. Quoi ! notre but à tous n’est-il pas de vivre ? Que me dites-vous donc ? quelle est votre pensée ? Comment aimerez-vous Dieu et votre prochain, si vous n’aimez point la sagesse ? Comment vous aimerez-vous vous-même, si vous ne désirez point la véritable vie ? Mais, répliquent-ils encore, nous n’avons point même appris à lire. Si vous ne savez point lire, vous savez au moins entendre ; car cela ne s’apprend pas, et c’est tout ce qu’il faut. La foi, en effet, n’appartient pas aux sages et aux savants selon le monde, mais aux sages selon Dieu. Il n’est pas besoin d’être savant pour la posséder ; les ignorants la peuvent lire, et recevoir par elle la charité, qui en est le sceau spirituel et divin.

Le soin des affaires publiques peut s’allier avec celui de la sagesse divine. L’application aux choses du monde est permise, pourvu qu’on s’y applique honnêtement, suivant les ordres et les lois de Dieu. Celui qui vend ou qui achète ne doit jamais avoir deux prix. Qu’il agisse d’une manière simple, qu’il s’étudie à dire toujours la vérité. S’il ne réussit point par cette franchise, il est riche de la droiture de ses intentions. Que les marchands et les négociants s’abstiennent donc de tout serment. C’est une coupable habitude. Qu’ils aient toujours présente à l’esprit cette défense du Seigneur : « Vous ne prendrez pas le nom du Seigneur en vain. Le Seigneur ne purifiera point celui qui prend son nom en vain. » Ceux qui n’observent point ces maximes, qui sont avares, menteurs, hypocrites, qui fraudent et altèrent la vérité, Dieu les bannit et les chasse lui-même de sa maison sainte, ne voulant point qu’elle soit une caverne de voleurs, ni qu’elle serve à d’impurs négoces. Les hommes et les femmes qui viennent à l’Église y doivent venir modestement vêtus, avec un maintien grave, mais naturel,