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DE LA TRADITION.

testants ont eu posé pour principe que nous ne devons croire que ce qui est expressément et formellement révélé dans l’Écriture-Sainte, et que c’est à la raison d’en déterminer le vrai sens, les Sociniens ont conclu d’abord, donc nous ne devons croire révélé que ce qui est conforme à la raison ; et les Déistes ont dit de leur côté, donc la raison suffit pour connaître la vérité, nous n’avons pas besoin de révélation.

Nos adversaires nous répondent sans doute qu’il n’est aucun principe si incontestable, que l’on ne puisse en abuser et en tirer de fausses conséquences. Soit. Il fallait donc commencer par examiner si le leur était incontestable ; mais ils l’ont posé sans savoir où il les conduirait. Or, nous avons prouvé qu’il est non-seulement très-sujet à contestation, mais absolument faux et destructif du Christianisme.

Nous avons répondu aux principales objections des Protestants sur tous les points relatifs à la tradition, mais la manière dont ils s’y sont pris pour décréditer les témoins de la tradition mérite un examen particulier. Le Clerc (Hist. Eccles., deuxième siècle, an 101), commence par observer qu’à dater de la mort des apôtres on entre dans des temps où l’on ne peut pas approuver tout ce qui a été dit et tout ce qui a été fait ; que cependant Dieu a veillé sur son Église, et qu’il a empêché que le fond du Christianisme ne fût changé. Les apôtres, dit-il, avaient puisé leurs connaissances dans trois sources, dans les livres originaux de l’ancien Testament, dans les leçons de Jésus-Christ, dans des révélations immédiates : le Saint-Esprit leur enseignait toute vérité, et ses dons miraculeux en étaient la preuve ; avantages que n’ont point eus ceux qui leur ont succédé. Ceux-ci étaient des Juifs hellénistes ou des Grecs ; comme ils n’entendaient pas l’hébreu, ils