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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

Voyez comme le Seigneur vient lui-même, en ce danger, à votre secours par ces paroles brèves et énergiques : « Si votre œil droit vous scandalise, arrachez-le et jetez-le loin de vous ; » arrachant ainsi vos désirs. Si vos regards lascifs, si vos yeux sans cesse en mouvement semblent être de complicité avec votre cœur, n’est-ce pas que vous êtes déjà coupables d’adultère, puisque vous préludez ainsi par eux à ses infâmes plaisirs ? C’est par les yeux que la corruption commence et pénètre dans tout le corps. Si vos yeux sont chastes et purs, votre cœur est rempli de joie ; s’ils sont pleins de fraude et de séduction, vous vous préparez d’affreuses douleurs. Quel tableau, que celui du dernier roi des Assyriens, l’efféminé Sardanapale, assis immobile sur un lit élevé, tissant la pourpre comme une femme, et jetant sans cesse autour de lui des regards impurs et lascifs ! Quelle leçon, que sa chute et sa mort, pour les voluptueux qui lui ressemblent ! Les femmes qui font de leurs yeux ce honteux usage se mettent elles-mêmes à prix, et semblent chercher qui les achète. « Votre œil est la lampe de votre corps ; c’est à sa lumière qu’on pénètre et qu’on lit dans votre cœur. La femme impudique se trahit par l’effronterie de ses regards. Faites donc mourir les membres de l’homme terrestre qui est en vous : la fornication, l’impureté, les passions déshonnêtes, les mauvais désirs et l’avarice, qui est une idolâtrie. Ce sont ces crimes qui attirent la colère de Dieu sur les incrédules. » Hé quoi ! nous exciterons nous-mêmes les troubles de notre âme et nous n’en rougirons point ? Voyez ces femmes dissolues : les unes, la bouche toujours pleine de mastic, sourient, les lèvres entr’ouvertes, à tous ceux qui s’approchent d’elles ; les autres, comme si elles n’avaient point de doigts, touchent leurs tête et divisent leurs cheveux avec des instruments faits exprès, les portant toujours avec elles et n’épargnant rien pour que ces instruments de mollesse et d’affectation soient d’un métal précieux ou de l’ivoire le plus pur ; d’autres se couvrent de tant de fleurs, qu’on peut croire qu’elles les produisent. Les couleurs naturelles de leur visage s’affaiblissent et disparaissent sous cette multitude de couleurs bril-