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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

reuses de la modestie règlent avec soin leur démarche, leur visage, leur regard et leur voix. Qu’elles aient horreur de ces gestes lascifs, de ces mouvements efféminés empruntés aux actrices et aux danseurs, que plusieurs d’entre elles s’enorgueillissent malheureusement d’imiter ; de cette démarche molle, de ces accents trompeurs et étudiés, de ces regards brillants d’étincelles voluptueuses, comme si elles marchaient et se montraient sur la scène. Les lèvres de la femme étrangère distillent le miel le plus doux. Ses paroles sont onctueuses comme l’huile. Mais à la fin elle est amère comme l’absynthe, elle blesse comme l’épée à deux tranchants. Ses pieds descendent dans la mort, ses pas pénètrent jusqu’aux enfers et y entraînent ceux qui la suivent.

Ce fut une femme étrangère qui vainquit Samson et lui coupa traîtreusement la chevelure qui faisait sa force. Ce fut aussi une femme étrangère qui s’efforça de séduire Joseph ; mais la vertu du saint patriarche, fortifiée par la tempérance, repoussa victorieusement les attaques de la volupté.

C’est donc avec raison que j’ai fait l’éloge de la tempérance. Du reste, je ne saurais comprendre quel absurde plaisir on trouve à murmurer ses paroles à voix basse au lieu de parler naturellement, et à se montrer en public la tête inclinée avec affectation sur l’épaule, comme nous le voyons faire à tant de voluptueux qui parcourent la ville dans tous les sens, le corps violemment dépouillé de tous les poils que Dieu leur avait donnés comme une marque distinctive de la dignité de leur sexe. Loin de nous ces mouvements efféminés, ce luxe impur, ces infâmes délices ! Loin de nous cette démarche molle, ces habitudes de corps sans dignité et sans force, qui sont, nous dit le poëte Anacréon, les signes auxquels on reconnaît les courtisanes. La beauté et le plaisir n’ont rien de commun avec ces détestables habitudes. Ennemies de la vérité, elles nous entraînent nécessairement loin des voies droites du salut. Tout en elles est danger, laideur, hypocrisie et mensonge. Mais surtout il faut veiller sur nos yeux et sur nos regards ; car il vaut mieux que nos pieds nous entraînent et nous fassent tomber, que si nos yeux étaient la cause de notre chute.