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DE LA TRADITION.

des hommes tels que Luther, Calvin et les autres, emportés par les passions les plus fougueuses, qui ont donné dans des erreurs dont leurs sectateurs rougissent aujourd’hui, aient été suscités de Dieu pour réformer l’Église ? Ceux-ci, plutôt que de demeurer muets, ont répandu que les fondateurs mêmes et les propagateurs du Christianisme ont été sujets à des erreurs et à des faiblesses.

Lorsque nous soutenons qu’un fidèle doit user de sa raison pour connaître quelle est la véritable Église, et pour peser les preuves de son infaillibilité, mais que dès qu’il la connaît, il doit déférer à cette autorité ; ils disent que cette conduite est absurde, que nous attribuons à l’Église le droit d’enseigner toutes sortes d’erreurs, sans qu’il nous soit permis d’examiner si nous devons les admettre ou les rejeter ; qu’il n’est pas plus difficile à la raison de juger quelle est la véritable doctrine, que de discerner quelle est la véritable Église. Nouveau sujet de triomphe pour les déistes : Selon vous, ont-ils dit, nous ne pouvons juger de la mission de Jésus-Christ, de celle des apôtres, de l’inspiration des livres saints que par la raison ; donc c’est encore à elle de juger si la doctrine qu’ils enseignent est vraie ou fausse : il n’est pas plus difficile de porter ce jugement que de voir si leur mission est divine ou humaine, si tels livres sont inspirés ou non. Conséquemment les déistes ont attaqué l’Écriture-Sainte en général par les mêmes arguments que les Protestants ont fait contre certains livres qu’ils ont rejetés du canon.

On sait aujourd’hui la multitude des erreurs qui sont nées les unes des autres sur chacune des questions controversées entre les Protestants et nous ; toutes sont venues de l’opiniâtreté à rejeter la tradition. Dès qu’une fois les Pro-