Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/440

Cette page n’a pas encore été corrigée
376
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

crime et du supplice des Sodomites, dont l’histoire renferme, pour tous ceux qui l’écoutent, une instruction admirable. Ces peuples avaient poussé le vice de la volupté et de l’intempérance jusqu’à ses dernières limites ; ils commettaient l’adultère avec une effroyable sécurité ; ils brûlaient pour les hommes d’un amour infâme et contre-nature. Le Verbe alors, qui voit tout, et aux yeux duquel aucun crime ne peut échapper, le Verbe, dis-je, les regarda. Vigilant protecteur de l’homme, il ne vit point tranquillement de si détestables désordres, et comme il punit les pécheurs pour nous empêcher de les imiter, comme il a soin de nous conduire à la vertu par l’horreur du vice, il fit descendre sur ces peuples un feu vengeur qui les dévora, eux et leur ville, de peur que si ces impudiques restaient impunis, toute impudicité ne fût désormais sans frein sur la terre. Les flammes qu’il versa du haut du ciel sur cette ville corrompue furent des flammes prévoyantes, qui dévoraient à la fois la volupté présente et les voluptés à venir. À travers ces flammes terribles, nous apercevons les voies du salut. C’est comme si Dieu nous disait : ne péchez point comme ces peuples, vous ne serez point punis comme eux ; en évitant le crime, vous éviterez le supplice. « Or, je veux vous avertir, dit saint Jude, qu’après que Jésus eut sauvé le peuple en le tirant de l’Égypte, il fit mourir ceux qui furent incrédules, et qu’il réserva dans des chaînes éternelles et de profondes ténèbres, pour le jugement du grand jour, les anges qui n’ont pas conservé leur première dignité et qui ont abandonné leur propre demeure. » Le même apôtre applique un peu plus loin, en ces termes, le châtiment des pécheurs à notre instruction : « Malheur à eux, s’écrie-t-il, parce qu’ils suivent la voie de Caïn ; qu’ils se laissent séduire, comme Balaam, par l’avarice, et qu’imitant la rébellion de Coré, ils périront comme lui ! » La crainte, en effet, retient dans le devoir ceux qui sont trop faibles pour supporter la généreuse liberté des enfants d’adoption de Dieu. Ces menaces et ces supplices qui nous effraient, nous effraient pour notre salut. Dieu n’a pas seulement puni les crimes de l’impudicité et de l’adultère, il a puni aussi