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DE LA TRADITION.

core une fois il ne peut y avoir de communion entre ceux qui n’ont pas la même croyance. Au contraire, un catholique ignorant ou enfant a un motif très-solide de croire à l’Église catholique, parce qu’il est appuyé sur une tradition non interrompue depuis les apôtres.

Douzième preuve. — La chaîne des erreurs qu’a fait naître la méthode des Protestants démontre qu’elle est fausse ; non-seulement elle a donné lieu à cette multitude de sectes qui les divisent, mais elle conduit directement au déisme et à l’incrédulité. En effet, pour décréditer la tradition, les Protestants ont noirci, tant qu’ils ont pu, les Pères de l’Église ; ils ont attaqué leur capacité, leur doctrine, leur morale, leurs actions, leurs intentions, leur bonne foi. Cependant les plus anciens des Pères étaient les disciples immédiats des apôtres ; il est difficile d’avoir une haute opinion des maîtres qui ont formé de pareils élèves, et qui les ont choisis pour successeurs. Aussi plusieurs Protestants ont parlé des uns à peu-près comme des autres. « Si les apôtres eux-mêmes, disent-ils, ont été sujets à des erreurs et à des faiblesses, faut-il s’étonner que leurs disciples les plus zélés en aient été susceptibles ? » (Barbeyrac, Traité de la morale des Pères, ch. VIII, § 39 ; Chillingworth, la Religion protestante, voie assurée au salut, etc.) Est-il croyable d’ailleurs que Jésus-Christ ait veillé sur son Église, en permettant qu’elle tombât entre les mains de Pasteurs si capables de l’égarer ? On conçoit tout l’avantage que ces accusations téméraires ont donné aux Déistes ; ils n’ont pas manqué de tourner contre les apôtres les mêmes objections que les Protestants ont faites contre la personne et contre les écrits des Pères ; bientôt ils ont osé les lancer contre Jésus-Christ lui-même. Quand on demandait : Est-il possible que