Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/437

Cette page n’a pas encore été corrigée
373
SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

meubles, soit habits magnifiques, nous est un embarras dans ce voyage, au lieu de nous être un appui et un ornement. Le bâton sur lequel nous devons nous appuyer pour arriver au ciel, où l’on n’entre que par violence, ce bâton, dis-je, est la bienfaisance par laquelle nous acquérons l’éternel repos en le donnant, autant qu’il est en nous, à ceux qui l’ont perdu ici-bas. « Vos richesses, nous dit l’Écriture, doivent servir à racheter votre âme. » C’est dire assez que l’aumône seule fait le salut des riches. Comme les puits où l’eau est abondante se remplissent à mesure qu’on les épuise, comme le lait se porte plus abondamment vers les mamelles que la main vient de traire ou la bouche de sucer, ainsi les richesses que la bienfaisance verse autour d’elle, comme l’eau, se renouvellent sans cesse et s’accroissent de leurs pertes mêmes. Posséder Dieu, je l’ai déjà dit, c’est posséder tout, puisque Dieu est le principe de toute abondance. Ne me dites point que vous avez vu souvent un homme juste manquer de pain ; car cela est rare et n’arrive même jamais que là où il ne se trouve point un autre juste. Mais quand cela serait, rappelez-vous ces paroles de l’Écriture : « Le juste ne vit pas seulement de pain, mais de la parole du Seigneur, qui est le pain céleste et véritable. » Un homme vertueux qui place en Dieu toute sa confiance ne peut donc jamais tomber dans un extrême besoin. Il demande sa nourriture au père commun de tous les êtres, qui s’empresse de nourrir son fils. L’indigence n’a aucun pouvoir sur lui, il ne la sent point et ne peut la sentir. Les richesses que nous donne le Verbe exerçant en notre faveur le ministère de Pédagogue, n’excitent point l’envie, et font face à tous nos besoins. Celui qui les possède est l’héritier du royaume de Dieu.


CHAPITRE VIII.

La vraie et saine doctrine tire sa principale force des comparaisons et des exemples.


Si vous ne vous lassez point de mener une vie frugale et de résister à la volupté, habitué par un combat de tous les jours