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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

service des tables, les autres pour l’usage du bain, y brillent de toutes parts ; les réchauds même qu’on place sur les charbons ardents y sont d’or et d’argent. Leur intempérance est montée à un tel excès, qu’elles mangent et s’enivrent dans le bain. Au milieu de cette profusion de richesses et de meubles précieux de toute espèce, dont elles s’environnent pour satisfaire une insupportable vanité, vous croiriez facilement qu’elles veulent se mettre à l’enchère. C’est l’orgueil qui les inspire et les pousse à tant d’insolence ; par là, elles reprochent aux hommes de ne pouvoir égaler leur faste et d’être vaincus par les femmes ; par là, elles affichent une excessive délicatesse à qui les jouissances ordinaires du bain ne peuvent suffire, si elles ne sont relevées par tout cet appareil fastueux ; par là, elles méprisent la simplicité avec laquelle se baignent les femmes moins riches, et s’attirent mille malédictions ; par là, enfin, elles enveloppent dans leurs filets les malheureux qui se laissent éblouir à l’éclat de l’or. Elles profitent de leur ignorance, de ce qui est bon et honnête, pour s’en faire des admirateurs et des amants, et n’épargnent aucun artifice pour se déguiser aux yeux de ces hommes, à qui bientôt elles se montreront toutes nues. Elles s’enveloppent devant leurs maris d’une affectation de fausse pudeur, et semblent craindre de se déshabiller devant eux ; mais tout étranger qui pénètre dans leur maison peut les voir, s’il le désire, et les contempler nues dans le bain. Elles les convient à ce spectacle, et leur montrent leur corps comme s’ils devaient l’acheter et le revendre. « Ne vous baignez pas dans un bain de femmes, disait autrefois le poète Hésiode ; » maintenant les mêmes bains sont communs aux deux sexes, qui se plongent ensemble et sans rougir dans ces eaux impudiques où les flammes impures de l’amour s’allument naturellement par la licence des regards, et où toute pudeur se noie et s’éteint. Les femmes que le sentiment de la pudeur n’a pas encore entièrement quittées excluent, il est vrai, les étrangers de leur présence ; mais elles se baignent devant leurs esclaves, se montrent toutes nues à leurs regards, et, se faisant frotter par leurs mains, permettent au moins à