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DE LA TRADITION.

dirait qu’il a voulu peindre les Prédicans de la réforme treize cent ans avant leur naissance. Une autre preuve de la croyance purement traditionnelle des Protestants, c’est qu’ils répètent encore aujourd’hui, les arguments, les impostures, les calomnies des prétendus réformateurs, quoiqu’on les ait réfutés cent fois, et ils y croient comme à la parole de Dieu.

Onzième preuve. — Ils conviennent, comme nous, qu’un ignorant est obligé de faire des actes de foi ; qu’un enfant y est tenu, dès qu’il est parvenu à l’âge de raison ; les Sociniens ne donnent point le baptême avant cet âge, parce qu’ils soutiennent que la foi actuelle est une disposition nécessaire à ce sacrement. Or, nous ne concevons pas comment l’un ou l’autre peut fonder sa foi sur l’Écriture-Sainte. Qu’il la lise, ou qu’il l’entende lire, il n’entend toujours qu’une version ; ce n’est point le langage des auteurs sacrés. Comment sait-il que cette version est fidelle ? Il n’en a point d’autre preuve que le témoignage des théologiens de la secte ; c’est toujours la tradition, mais qui n’est pas celle de l’Église universelle, et qui même y est contraire. C’est néanmoins le cas dans lequel se sont trouvés les trois quarts et demi de ceux qui ont embrassé le Protestantisme dans les commencements ; c’était une troupe d’ignorants conduits à l’aveugle par les prédicants de la réforme. Bossuet, dans sa conférence avec le ministre Claude, a fait voir qu’un Protestant ne s’entend pas lui-même, lorsqu’il dit en récitant le symbole : « Je crois la sainte Église catholique. » Si par-là il entend la secte particulière dans laquelle il est né, c’est une erreur, et il y croit sans aucun motif raisonnable. S’il entend, comme la plupart, l’assemblage de tous ceux qui croient en Dieu et en Jésus-Christ, il se contredit en ajoutant : « Je crois la communion des saints, » puisque en-