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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

affectés à ce genre de service. On n’en voit plus qui, s’occupant dans l’intérieur de leur maison à des ouvrages de leur sexe, préparent la laine et le lin pour les vêtements de leurs maris et de leurs enfants. Toutes leurs journées se perdent et s’écoulent dans l’oisiveté, à écouter des fables amoureuses, des propos vains et séduisants qui énervent leur âme et leur corps. « Vous éviterez la foule, dit le sage, de peur que vous ne tombiez dans le vice ; car la sagesse est dans le petit nombre, le désordre et la confusion dans la multitude. » Ce n’est point par pudeur, et dans la crainte d’être vues, qu’elles se font ainsi porter en litière sur les épaules de leurs esclaves : ce motif, s’il était le leur, serait honorable et légitime ; mais c’est, au contraire, par un excès d’orgueil et de vanité, désireuses qu’elles sont de s’offrir en pompe aux regards. Vous les voyez tantôt lever leur voile et regarder fixement ceux qui les regardent, tantôt faire semblant de se cacher, se déshonorant encore davantage par cette affectation de fausse pudeur. « Ne jette pas les yeux de tous côtés, dit le sage, n’erre point dans la solitude des places publiques. »

C’est en effet une véritable solitude, qu’un lieu où dans une nombreuse foule d’impudiques ne se trouve pas un seul homme chaste. Elles courent d’un temple à l’autre, ne se lassant point d’y sacrifier, environnées de devins, de charlatans, de vieilles corrompues, détestables instruments de la ruine des familles. Le jour, elles se montrent avec orgueil dans tout l’éclat de leur parure ; le soir, au bruit des verres du festin, elles écoutent les conseils impurs que ces vieilles corrompues murmurent à leurs oreilles. Elles apprennent et chantent des chansons lascives, qui sont la perte et le déshonneur du mariage. Elles ont des maris qu’elles n’aiment point, et des amants qui les possèdent. Mais ce n’est point encore assez ; et leurs devins, pour flatter leur orgueil et leurs passions, leur en promettent encore d’autres. Ces malheureuses ne sentant point qu’elles se trompent et sont trompées, livrent leur corps, comme un vase de volupté, à tous ceux qui veulent y boire l’impu-