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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

tueux. Ne voulant absolument pas se servir eux-mêmes, ils en achètent pour chacune de leurs actions et pour chacun de leurs désirs. Ils emploient les uns à préparer mille ragoûts délicats et recherchés, les autres à dresser et couvrir les tables. Tous ces innombrables mercenaires ont chacun leur emploi distinct et marqué, afin de venir tour-à tour satisfaire au luxe et à la gourmandise de leurs maîtres. Ils préparent les viandes, les confitures, les pâtisseries, les liqueurs, et les étalent avec symétrie sur des tables somptueuses dont ils sont les décorateurs et les architectes. Ils gardent des amas d’habits superflus et des monceaux d’or, comme des griffons. Ils serrent l’argenterie et l’essuient sans cesse, la tenant toujours prête pour l’appareil brillant des festins. Il en est enfin qui sont préposés à la garde et à l’entretien des chevaux de luxe, exerçant sous leurs ordres un nombre infini d’échansons et de jeunes gens dont le caprice du maître épuise et cueille la beauté avant que le temps l’ait mûrie.

Une multitude d’esclaves de l’un et de l’autre sexe se presse autour des femmes pour servir à l’entretien de leur parure et de leur beauté. Il en est qui président à leurs miroirs, d’autres à leurs coiffures, d’autres enfin à leurs peignes et aux tresses de leurs cheveux. Les nombreux eunuques dont on les entoure sont autant de ministres secrets de leurs débauches. On ne les en soupçonne point, parce qu’on les en sait incapables par eux-mêmes ; mais le véritable eunuque n’est pas celui qui ne peut pas, c’est celui qui ne veut point. Lorsque les Juifs, révoltés contre Dieu, l’irritèrent par la demande d’un roi, le Verbe, par la bouche du prophète Samuel, au lieu de leur promettre un roi doux et humain, les menaça d’un tyran insolent livre au luxe et à la débauche. « Il prendra, leur dit-il, vos filles pour se faire apprêter des parfums, ainsi que les pains et les mets de sa table, » les traitant comme des esclaves acquises par le droit de l’épée, et ne gouvernant point selon les lois de la justice et de la paix.

On voit partout des femmes se faisant porter dans de brillantes litières sur les épaules de nombreux Gaulois, esclaves