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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

lui en fassent désirer d’autres. Si une faim dévorante le presse, il demande à son cheval de quoi l’apaiser ; il lui ouvre les veines, et ce noble animal donne son sang pour ranimer et soutenir la vie de son maître. Les chevaux de ces peuples nomades les portent et les nourrissent. Les Arabes, qui sont une autre espèce de peuples nomades, montent des chameaux dans leurs expéditions guerrières, et se font suivre par des chamelles pleines. Ces animaux mangent en courant, et portent sur leur dos non-seulement leurs maîtres, mais encore les tentes qui leur servent de maison. Si l’eau vient à manquer à ces barbares, ils se désaltèrent de leur lait ; si leurs vivres s’épuisent, ils se nourrissent de leur sang ; et cependant ces animaux, moins sauvages que leurs maîtres, oublient les mauvais traitements qu’ils en ont reçus, et, parcourant fidèlement de vastes solitudes, les portent et les nourrissent. Périssent donc ces peuples cruels qui se nourrissent de sang !

Il n’est point permis à l’homme de toucher au sang ; car la chair de son corps n’est autre chose qu’un sang épaissi. Le sang humain s’est mêlé et communiqué à la nature divine du Verbe par la grâce du Saint-Esprit. Si quelqu’un l’outrage, il criera vers Dieu, et Dieu l’entendra, même inanimé. J’ai en horreur la férocité de ces peuples barbares ; mais j’admire leur vie frugale, ennemie du faste et de la mollesse. C’est ainsi que notre divin maître veut que nous soyons, sans faste et sans arrogance, sans vaine gloire et sans péché, portant notre croix, uniquement occupés du soin de notre salut.


CHAPITRE IV.

Des bonnes et des mauvaises compagnies.


Ayant interverti, sans le vouloir, l’ordre que j’avais d’abord résolu de suivre dans ces instructions, j’ai hâte d’y revenir et d’élever la voix contre cette innombrable quantité d’esclaves et de domestiques dont s’entourent les gens riches et volup-