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dagogue, et en qui habite la paix, doit lui-même être en paix avec tous les poils de son corps.

Que ne feront point les femmes, naturellement portées à cet amour outré de la parure et des plaisirs, si les hommes leur donnent l’exemple de si effroyables excès ? Mais j’ai tort de les appeler des hommes, ils ne sont pas même des femmes ; ce sont de véritables eunuques. Leurs habits d’étoffe légère et de couleur transparente n’ont plus rien de mâle ; leur voix grêle et menue n’a plus rien de la noble voix de l’homme. Tout en eux accuse une nature abâtardie et dégénérée ; leurs habits, leur coiffure, leur démarche et leurs traits. « On connaîtra l’homme, dit l’Écriture, à son aspect, à sa démarche, à ses vêtements, au mouvement de ses pieds, au rire de ses lèvres et de ses dents. » C’est de leur chevelure, surtout, que ces efféminés ont soin. Ils ne cessent, comme des femmes, de la tresser et de l’orner. Les lions aussi, s’enorgueillissent de leur crinière ; mais c’est parce qu’elle les aide dans leurs combats en leur donnant un air plus terrible et plus menaçant. Les sangliers sont fiers aussi du poil épais dont leur hure s’arme et se hérisse ; mais c’est parce qu’il glace d’effroi les chasseurs les plus intrépides. Les brebis mêmes sont chargées d’une épaisse toison ; mais c’est un des bienfaits de notre Père céleste, qui nous a appris à les en dépouiller pour notre usage. Il est vrai aussi que, parmi les nations barbares, les Gaulois et les Scythes, se plaisent à faire croître leur chevelure et la conservent avec soin ; mais ce n’est point comme un objet de vaine parure. Cette chevelure épaisse et rougeâtre, qu’ils assemblent et portent sur le devant de la tête, annonce la guerre, par sa couleur farouche et éclatante comme celle du sang. Ces deux peuples barbares ont une égale horreur du luxe. Le fleuve glacé où le Germain se baigne, et le char grossier qu’habite le Scythe, en sont d’irrécusables témoins. Le Scythe même quelquefois dédaigne d’habiter ses chars. Son cheval lui sert de maison ; il y monte, et en un instant se transporte partout où il lui prend envie d’aller. Un grand courage, une vie frugale, sont ses uniques richesses. Il ne sent pas d’impurs besoins qui