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les enfants d’Israël. » Mais l’usage que nous faisons de la poix, disent-ils, nous est agréable ; il l’est, mais il vous accuse. Quel homme sage, à moins d’être dévoré par cette affreuse maladie, voudrait passer pour un fornicateur, et s’étudierait à couvrir de honte la noble image de son Créateur ? « Ceux qu’il a connus dans sa prescience, dit l’apôtre, il les a aussi prédestinés pour être conformes à l’image de son fils, afin qu’il soit lui-même le premier né entre plusieurs frères ; et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi justifiés. Ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » Quelle n’est donc pas l’impiété de ces hommes qui, en déshonorant leur corps, déshonorent Jésus-Christ même ! Voulez-vous être véritablement beau, rendez belle votre âme, et ne vous lassez point de l’orner. Ce ne sont pas les poils de votre corps, mais les passions de votre âme, qu’il faut arracher. J’éprouve une profonde pitié pour ces jeunes et malheureux enfants, objets d’un infâme trafic. Cependant la honte dont ils sont couverts ne leur appartient pas ; elle est tout entière à ceux qui en tirent un gain criminel. Mais si ces enfants, dont le crime est involontaire, nous inspirent tant de pitié, quelle horreur ne doivent pas nous inspirer des hommes qui s’abandonnent volontairement, et de leur plein gré, à des infamies qu’ils devraient racheter de leur vie même, si on voulait les forcer à les commettre ?

Le vice a désormais dépassé toute limite ; il promène en public ses joies lascives et insultantes, il coule à pleins bords dans nos villes, il est la loi commune et universelle. Les femmes, abjurant la pudeur ; les hommes, abjurant leur nature, vendent publiquement leur corps. Le luxe a fait des sexes un affreux mélange, et couvert les hommes d’opprobre. Une curiosité inouie, molle et luxurieuse, agite leurs cœurs. Il n’est rien qu’ils n’inventent pour rallumer leurs désirs éteints, rien qu’ils ne tentent et n’essaient pour réveiller leur imagination blasée. La nature, qu’ils violentent, s’épouvante de leurs excès. Les hommes font l’office des femmes, et les femmes celui des hommes. Que dis-je ? elles s’unissent entre elles ; elles épousent d’autres femmes, et leur corps n’a point d’ouverture qui ne