Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 4.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxviii
DE LA TRADITION.

Paul, qu’il y ait des hérésies, et par la même raison, il faut que ces hérésies subsistent. »

4°. Pour terminer les disputes qui s’étaient élevées en Hollande entre les Arminiens et les Gomoristes, les Calvinistes convoquèrent à Dordrecht, en 1618, un synode de toutes les Églises réformées, afin de décider, à la pluralité des voix, quelle est la doctrine qu’il fallait suivre, et quel sens il faut donner aux passages de l’Écriture-Sainte, que chacun des deux partis alléguait en sa faveur ; ils ont donc rendu hommage à la nécessité de la tradition, pour bien entendre l’Écriture-Sainte.

5°. Ainsi, après avoir méprisé hautement la tradition de l’Église universelle, les Protestants se sont mis sous le joug de la tradition particulière de leur secte ; à proprement parler, elle est leur seul guide. En effet, avant de lire l’Écriture-Sainte, un Protestant, soit anglican, soit luthérien, soit Calviniste, a déjà sa croyance toute formée par le catéchisme qu’il a reçu dès l’enfance, par les instructions de ses parents et des ministres, par les discours dont il a eu les oreilles frappées. Lorsqu’il ouvre l’Écriture-Sainte pour la première fois, il ne peut manquer de trouver dans chaque passage le sens que l’on y donne communément dans sa secte, les opinions dont il est imbu d’avance lui tiennent lieu de l’inspiration du Saint-Esprit. S’il lui arrivait de l’entendre autrement, et de soutenir son interprétation particulière, il serait excommunié, proscrit, traité comme un hérétique. Telle a été la conduite de tous les sectaires depuis les premiers siècles. « Ceux qui nous conseillent les recherches, dit Tertullien, veulent nous attirer chez eux… Dès qu’ils nous tiennent, ils érigent en dogmes et prescrivent avec hauteur ce qu’ils avaient feint d’abord de soumettre à notre examen. » On