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CHAPITRE III.

Contre les hommes qui se parent.


Cet amour frivole de la parure n’entraîne pas seulement les femmes, mais les hommes mêmes, tant le luxe a fait parmi nous des progrès affreux et rapides ! Ces vains ornements accusent hautement la corruption de leur cœur. Devenus femmes par leurs mœurs, ils le deviennent par leurs vêtements. Semblables, par l’arrangement de leur chevelure, à des esclaves ou des courtisanes, à peine couverts de vêtements légers et transparents, la bouche pleine de mastic, le corps inondé de parfums, errant tout le jour dans nos places publiques, ils s’y font gloire de leur détestable mollesse. Si vous les jugez d’après leur aspect, que ne direz-vous point de ces adultères mous et efféminés, hommes et femmes tour à tour dans leurs exécrables plaisirs, qui, prenant en horreur les marques distinctives de leur sexe, soignent leurs cheveux comme des femmes, et ne laissent aucun poil sur leur visage ni sur leur corps ? L’audace criminelle de leurs actions l’emporte sur l’infamie de leurs mœurs, et leur folie cède à leur méchanceté. C’est pour eux que nos cités regorgent de ces ouvriers inutiles incessamment occupés à masser, poisser, épiler ces misérables qui ne sont plus d’aucun sexe ; c’est pour eux que s’élèvent ces innombrables boutiques, ouvertes nuit et jour, où les artisans de ce commerce impur, spéculant sur la folie publique, s’enrichissent rapidement. C’est là que, sans honte de ceux aux regards desquels ils se montrent, sans aucune honte d’eux-mêmes, ils s’enduisent de poix et livrent aux mains et aux instruments de mille esclaves impudiques les parties les plus secrètes et les plus honteuses de leur corps, se réjouissant, dans leur infamie, de voir leur peau devenir lisse et douce comme celle des femmes sous l’action violente de la poix. Leur impudence ne peut sans doute aller plus loin ; mais puisqu’il n’est rien qu’ils ne fassent, il n’est rien que je doive taire. Diogène faisait preuve