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Le vice de l’ivrognerie et de la gourmandise, tout grand qu’il est, l’est moins encore que cet amour déréglé des vaines parures. Il suffit, pour le satisfaire, de mets abondants ou délicats, arrosés par de fréquentes libations. Mais cette soif de la parure, soif insensée qui s’abreuve d’or, de pourpre et de pierreries, rien ne peut la satisfaire et l’éteindre. Tout l’or que la terre a déjà produit, ajouté à celui qu’elle cache encore dans ses entrailles, ne suffirait point à désaltérer ceux qui ont le malheur de brûler de cette soif ardente et inextinguible. En vain les vaisseaux innombrables qui sillonnent les mers de Tyr, de l’Inde et de l’Ethiopie leur apporteraient sans relâche les trésors enfermés dans leurs flancs ; en vain le Pactole roulerait à leurs pieds ses eaux brillantes et imprégnées d’or ; en vain, semblables à Midas, ils changeraient en or tout ce qu’ils touchent, croyez-moi, ils resteraient pauvres au milieu de ces richesses merveilleuses et inépuisables, car ils en désireraient d’autres, et mourraient avec ce désir. Mais si les richesses sont aveugles comme il est vrai qu’elles le sont, comment ceux qui les admirent et les adorent ne seraient-ils pas aveugles comme elles ? Comment ces femmes, qui ne mettent aucune borne à l’emportement de leurs désirs, en mettraient-elles à la licence de leur conduite et de leurs mœurs ? Aussi cherchent-elles partout des admirateurs, dans les théâtres, dans les promenades, dans les rues les plus fréquentées, dans les temples mêmes, orgueilleuses de la beauté de leur visage, insouciantes de la pureté de leur cœur ; vous reconnaissez ces femmes adultères au fard qui les couvre et les défigure, comme on reconnaît l’esclave fugitif aux stigmates dont l’a marqué le fer du bourreau. « Quand tu serais vêtue de pourpre, dit le prophète ; quand tu serais parée d’or et de tous tes bracelets, et que le fard rehausserait l’éclat de ton visage, ta beauté serait impuissante et méprisée. »

Quelle absurdité et quel opprobre ! Les animaux des champs, les oiseaux du ciel, bondissent dans les prairies ou s’élèvent joyeux dans les airs, satisfaits des ornements naturels qu’ils tiennent de la bonté de leur Créateur ; ceux-là de leur cri-