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SAINT CLÉMENT D’ALEXANDRIE.

faut à ces beautés factices des lumières artificielles. C’est le soir seulement qu’elles osent sortir de leur antre. Alors l’ivresse des festins, la clarté pâle et presque obscure des flambeaux, viennent en aide à leur mensonge. Elles sont horribles, et paraissent belles.

Le poëte comique Ménandre, s’adressant à une de ces femmes corrompues : « Sors d’ici, lui dit-il, car il est honteux qu’une femme chaste et modeste change la couleur de ses cheveux. » J’ajouterai à ce reproche : il est honteux qu’elle couvre ses joues de fard, ses sourcils et ses yeux de fausses couleurs. Cependant cette recherche impie d’une beauté factice détruit entièrement celle qui leur est propre. Mais ces infortunées ne le comprennent pas. Vous les voyez, dès le matin, se meurtrir, se déchirer, se serrer jusqu’à étouffer, et se déguiser sous une double couche de préparations vénéneuses. La clarté de leur teint s’efface, leur chair s’imbibe de poisons, et la fleur riante de leur beauté se flétrit et meurt sans retour. C’est peu de perdre leur beauté : les sucs de ces mixtions dangereuses, s’introduisant dans la chair à travers la peau, ouvrent un passage facile aux maladies et à la mort. Alors elles rendent compte à leur créateur de l’outrage qu’elles n’ont point cessé de lui faire pendant leur vie ; car il semble qu’elles lui reprochent de ne les avoir point faites aussi belles qu’elles avaient mérité de l’être.

Leur indolence est extrême, ai-je dit, pour tout ce qui touche à l’administration de leur famille. Eh ! comment ne le serait-elle pas, puisqu’il semble qu’elles sont nées, non point pour ces soins honorables, mais pour se montrer en spectacle aux yeux comme des tableaux ? « Que ferons-nous, dit une de ces femmes mise en scène par le poëte comique, et s’adressant à ses compagnes, que ferons-nous aujourd’hui de remarquable ? Par quelle œuvre nous distinguerons-nous, toutes brillantes et parées de fleurs que nous sommes, libres enfin du joug pesant de l’honnêteté et de la pudeur ? Sera-ce la ruine de nos maisons qui nous occupera, ou l’adultère et le divorce, ou la discorde et les dissensions à faire naître entre nos enfants ? »